#Reprise Cette année, la branche profite d’un effet de rattrapage qui a déjà redistribué les cartes. Certains professionnels s’arrachent à prix d’or, signe d’un retour à la croissance impliquant d’autres enjeux.
Très secoués pendant la pandémie, puis soumis à une reprise en dents de scie, les secteurs du spectacle et de l’événementiel ont retrouvé le sourire.
«Tout a repris comme avant, au même rythme soutenu, voire davantage pour compenser la période de ralentissement», explique Sébastien Tondeur, président de l’Association Events et Congrès Genève (AECG), fondée récemment pour renforcer les synergies des acteurs de cette branche. Celle-ci groupe des agences de conseils, des organisateurs de conférences, de salons, d’expositions ou autres lancements de produits et voyages de motivation.
La deuxième assemblée générale de l’AECG, qui s’est déroulée en avril, a confirmé que les perspectives sont positives. C’est de bon augure, car le poids économique de la branche à Genève est notable. Il s’y déroule en effet plus de mille événements professionnels et trois mille cinq cents publics, qui génèrent plus de cent cinquante millions de francs par an. S’il est difficile de donner des chiffres précis sur le nombre de personnes ayant un emploi en rapport avec cette industrie, il se dégage tout de même une nette tendance à la pénurie de main-d’œuvre. «Le fait d’avoir le vent en poupe est rassurant, mais cela implique un peu plus de difficultés lors des recrutements», confirme Sébastien Tondeur.
Plusieurs facteurs expliquent ce phénomène, notamment une prise de conscience des professionnels de ces métiers, dont l’impermanence s’est brutalement fait jour avec la pandémie. Certains ont quitté définitivement leur secteur d’acitivité ou se sont recyclés. Car une autre évolution s’est dessinée: de nombreuses entreprises hors événementiel ou culture recourent de plus en plus aux services de professionnels de l’audiovisuel ou du son pour leurs propres besoins. Cette concurrence a les moyens de garantir à cette main-d’œuvre la pratique de leur métier tout en lui proposant des conditions de travail intéressantes. Les meilleurs, même peu expérimentés, ont ainsi davantage de choix. «Lorsque nous allons présenter nos activités aux jeunes dans les écoles spécialisées dans ces métiers, nous devons désormais défendre notre image», explique Sébastien Tondeur qui, outre sa casquette de président de l’AECG, porte celle de CEO du groupe MCI, un géant du secteur, qui emploie près de deux mille collaborateurs dans trente-deux pays.
A prix d’or
En ce début d’été, le milieu festivalier est également sous pression, certaines manifestations peinant à trouver des effectifs aguerris, sur un marché où les rapports de force se sont modifiés. «Ceux qui sont indispensables font pression pour obtenir une hausse des salaires et de meilleures conditions d’encadrement», lâche Michael Drieberg, directeur de Live Music Production. Comme d’autres, il déplore le manque de spécialistes en logistique, de techniciens de scène, de régisseurs ou de riggers (lire ci-dessous), dont les services s’arrachent à prix d’or.
Des défis à plusieurs niveaux
Parallèlement, même si le public a soif d’ambiances festives, ses attentes sont plus grandes qu’auparavant. Cela se vérifie dans la variété de l’offre. Il faut donc attirer les spectateurs avec un programme de qualité tout en minimisant l’impact environnemental. Récemment, les célébrations de Bergame, capitale italienne de la culture 2023, ont été lancées dans l’esprit de ce double objectif. Ainsi, les lasers utilisés pour la performance Light is life fonctionnent aux énergies renouvelables et répondent à des critères d’efficacité énergétique. Ces défis impliquent une professionnalisation accrue de ceux qui sont chargés de les maîtriser, que ce soit sur le plan conceptuel ou logistique. A l’aune de ces changements, les entreprises de l’événementiel ont plus que jamais intérêt à viser le long terme afin de compter sur la fidélité de leurs collaborateurs.
Sébastien Tondeur le confirme, expliquant que son groupe fait des efforts pour proposer un plan de carrière garantissant aussi la flexibilité des parcours. Les nouvelles générations ont désormais pour souhait de vivre une vie épanouissante, qui ne segmente plus la vie professionnelle et la vie privée. Cette conciliation implique des défis à plusieurs niveaux, qu’ils soient organisationnel ou financiers.
Les riggers, ces acrobates de la logistique
Le terme anglais rigger désigne les professionnels de la mise en place des structures, des lumières et des appareils de sonorisation, indispensables en amont des festivals ou autres spectacles. Perchés à plusieurs mètres de hauteur sur les installations qu’ils construisent, beaucoup d’entre eux ont appris leur métier sur le terrain, devenant capables de mesurer les risques pris avec la manipulation de matériel souvent très lourd.
Très demandés, ces professionnels doivent travailler la plupart du temps dans l’urgence. En effet, les opérations de montage et de démontage d’installations doivent s’enchaîner à une cadence soutenue pour les besoins d’exploitation. Les amplitudes de travail sont larges, avec des horaires qui débutent entre 6 et 7 heures du matin et vont jusqu’à minuit, voire au-delà, avant une reprise le jour suivant. Il faut donc une grande rigueur dans l’organisation du travail des équipes.
Des formations spécifiques commencent à voir le jour, axées sur l’accroche, les répartitions et les calculs des charges, ainsi que sur les déplacements et la sécurité. La SUVA a édité une fiche thématique pour expliquer les risques de ce métier, qui ne laisse pas de place à l’improvisation.
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