L’extraction minière, un risque pour l’environnement

Les procédés d’extraction du métal laissent souvent les résidus sous forme de boue, qu’on stocke dans des barrages.
Les procédés d’extraction du métal laissent souvent les résidus sous forme de boue, qu’on stocke dans des barrages.
Pierre Cormon
Publié mardi 23 janvier 2024
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#Métaux Les résidus issus de l'extraction des minerais sont la source de dégâts environnementaux.

Si le fer constitue environ 50% de l’hématite (un minerai), les métaux se trouvent généralement en proportion bien plus basse dans la nature. Six kilos par tonne de minerai pour le cuivre, cinq grammes pour le platine, un gramme pour l’or constituent des teneurs typiques dans les mines industrielles. Le reste constitue des résidus. Autrement dit, l’extraction d’un gramme d’or produit environ une tonne de déchets. Ces proportions augmentent à mesure que l’on exploite des sites à moindre teneur en métaux.

Lourds investissements

Ces résidus sont la cause de nombreux problèmes environnementaux, un peu partout dans le monde. Les prévenir exige de lourds investissements. «L’ouverture d’une mine industrielle, où que ce soit dans le monde, nécessite que les exploitants présentent un plan expliquant ce qui sera fait lorsque l’exploitation aura pris fin», précise Lluís Fontboté.

Boue

Les procédés d’extraction du métal laissent souvent les résidus sous forme de boue, qu’on stocke dans des barrages. Cette boue peut contenir d’autres métaux, ainsi que des minéraux susceptibles de s’oxyder comme le sulfure de fer pyrite. «Ils forment alors de l’acide sulfurique, qui acidifie les eaux», précise Lluís Fontboté. «Cela augmente la capacité de transporter des métaux toxiques en solution, et diminue sensiblement leur qualité.» Des mesures coûteuses doivent être prises pour l’éviter. Tout ne se passe cependant pas toujours comme prévu. On recense deux à trois graves ruptures de barrages miniers par année. Ces accidents peuvent avoir des conséquences environnementales majeures. «Il s’agit souvent de vieilles installations, mais des cas se sont aussi produits dans des exploitations modernes, comme lors de la catastrophe de Brumadinho», remarque Lluís Fontboté.

Vague de boue

Un barrage de résidus miniers s’est rompu en 2017 dans cette mine de fer brésilienne. Une vague de boue a tué deux cent septante personnes et causé des dégâts environnementaux à large échelle. «Pour minimiser les risques, la tendance actuelle est de sécher les résidus avant de les stocker», explique Lluís Fontboté. «Ils sont ainsi moins lourds et mécaniquement plus stables, ce qui réduit les risques de rupture et leur capacité de production d'eaux acides.» L’accroissement des besoins en métaux pousse également à chercher le minerai de plus en plus loin, quitte à déforester et entrer dans des endroits préservés. C’est ce qui se passe en Indonésie, dans le cadre de la recherche et de l’exploitation de cobalt et de nickel.

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