3 mars 2024: les citoyens suisses acceptaient le principe du versement d’une 13e rente AVS. 9 juin 2024: ces mêmes citoyens se prononceront sur une limitation des primes d’assurance-maladie. Les points communs entre ces projets? Leur promoteur, le président de l'Union syndicale suisse, et leur coût, entre 4 et 5 milliards de francs par année chacun.
Le résultat des votations du mois de mars est clair et indiscutable. Celles de juin semblent parties sur la même tendance. Différents éléments l’expliquent: période incertaine, coût de la vie en augmentation, etc. Nous sortons d’une période de crise sanitaire pendant laquelle les collectivités ont dû jongler avec les milliards pour protéger la santé, l’économie et la société. Un récent séisme a conduit les autorités à sauver un établissement bancaire de taille systémique sous peine de voir l’entier d’un secteur vital pour la Suisse disparaître. Dans ce contexte, quelques milliards de plus semblent être une bagatelle.
Sauf que ces 5 milliards – ou près de 10 selon les résultats du 9 juin – ne sont pas des dépenses isolées, mais des dépenses pérennes qui se répéteront année après année. La facture augmentera à la faveur du vieillissement démographique. Alors que les déficits publics s’accumulent depuis la pandémie et devraient subsister quelques années encore, ce sont autant de charges supplémentaires que la Confédération devra absorber.
La valse des milliards est une danse qui ne peut pas se répéter à l’infini. Il est vrai que le budget de la Suisse n’a pas à rougir de la comparaison avec ses voisins: l’endettement est encore contenu, les cotisations sociales et la fiscalité maîtrisées. C’est cette saine gestion des finances publiques qui a permis à la Suisse de faire face avec efficacité à la situation exceptionnelle de la pandémie et de mettre les ressources nécessaires à maintenir la population comme les entreprises à flot. Les événements de ces derniers mois qui ont provoqué cette valse des milliards sont exceptionnels. Et s’ils sont censés le rester, rien ne permet de le garantir. Ce qui paraît en revanche certain, c’est que la Suisse n’aura plus les moyens d’en absorber d’autres avec la même efficacité.
Notre pays doit donc rester attentif à conserver sa sagesse budgétaire pour pouvoir continuer à amortir les éventuels chocs. Si l’on peut comprendre l’inquiétude des Suisses face à l’augmentation des coûts de la vie, il faut trouver des solutions pour les contenir plutôt que d’actionner la machine à dépense. Il faut se rappeler que chaque nouvelle charge doit être financée. Et que cela soit du fait de l’augmentation des impôts, de la TVA ou des charges sociales, c’est le même citoyen qui paiera la facture. La tentation est quelquefois grande de faire croire que toute nouvelle charge sera couverte par d’autres que soi, au premier rang desquels les gros contribuables. Mais ces derniers, qui contribuent déjà généreusement à alimenter les finances de l’Etat, pourraient facilement décider de quitter des cieux fiscaux devenus inamicaux. Ce sera alors à la classe moyenne de supporter le financement des projets de l’homme qui coûtait 5 milliards.
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