L'hôtellerie genevoise a retrouvé des couleurs

C’est essentiellement le tourisme de loisir qui a permis à l’hôtellerie genevoise de quasiment retrouver les niveaux d’avantpandémie, explique le nouveau président des hôteliers.
C’est essentiellement le tourisme de loisir qui a permis à l’hôtellerie genevoise de quasiment retrouver les niveaux d’avantpandémie, explique le nouveau président des hôteliers. Genève Tourisme
Pierre Cormon
Publié vendredi 20 janvier 2023
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#Hôtellerie Jean-Vital Domézon a pris la présidence de la Société des hôteliers genevois. Il évoque l’évolution positive de son secteur d’activités.

«Hôtellerie: un horizon bouché», titrait Entreprise romande en novembre 2020, alors que le secteur était l’un des plus touchés par les mesures sanitaires prises pour lutter contre la pandémie de covid-19.

Aujourd’hui, les hôteliers genevois ont retrouvé un optimisme teinté de prudence. Le point avec le nouveau président de la Société des hôteliers de Genève, Jean-Vital Domézon.

Comment l’année 2022 s’est-elle déroulée?

De nombreux hôtels ont enregistré des nuitées supérieures à 2019 – la dernière année pré-pandémie, qui nous sert de référence. D’autres sont juste en dessous. L’année a donc été très positive.

Est-ce le cas pour tous les types d’établissements?

Les hôtels situés au centre-ville et les quatre et cinq étoiles s’en sont sans doute mieux sortis que ceux du secteur de l’aéroport et de catégories inférieures.

Ce résultat est-il davantage attribuable à la clientèle d’affaires ou aux touristes?

Il est davantage dû aux touristes. On a entendu parler de revenge travel: des personnes frustrées de ne pas avoir pu voyager pendant la pandémie se rattrapent. La question est de savoir si c’est un phénomène passager ou durable. Quant aux voyages d’affaires, ils n’ont pas repris dans la même proportion qu’en 2019. Des employeurs maintiennent des interdictions de voyager, des voyageurs d’affaires se sont habitués aux réunions en ligne. C’est vraiment la clientèle de loisirs qui nous a permis de réaliser une bonne année 2022.

C’était pourtant le point faible de l’hôtellerie genevoise.

Effectivement, mais les choses évoluent. L’Office du tourisme a travaillé là-dessus et Genève a été distinguée plusieurs fois comme City Break (destination urbaine pour un voyage de courte durée - ndlr) par les World Travel Awards. Les hôtels se remplissent mieux pendant les week-ends.

D’où viennent ces touristes?

Je peux répondre pour l’Hôtel d’Angleterre (dont Jean-Vital Domézon est le directeur - ndlr). La composition de notre clientèle est grosso modo la même qu’avant la pandémie. Nos clients viennent essentiellement, dans l’ordre, des Etats-Unis, de Grande-Bretagne, de France, de Suisse et du Golfe.

Vous avez besoin de personnel pour les accueillir, or, le secteur fait face à une pénurie de main-d’œuvre.

Oui, beaucoup d’employés ont quitté la profession. Il s’agit même de notre principale préoccupation. Nous allons probablement devoir continuer à travailler avec un personnel inférieur de 10% à 15% à ce qu’il était avant la pandémie.

Comment fonctionner dans ces conditions?

Certains établissements ont pu adapter leur service. Un restaurant qui était par exemple ouvert sept jours sur sept ne l’est plus que cinq jours sur sept. Les cartes ont été réduites - ce qui fait gagner du temps en cuisine pour les mises en place (préparations faites en avance pour être en mesure d’assembler un plat rapidement une fois qu’il est commandé - ndlr). Nous sommes contraints de devenir plus efficaces. Nous faisons également des efforts pour revaloriser notre profession et la rendre davantage attrayante aux yeux des jeunes.

Comment?

Nous avons été très présents à la Cité des Métiers et à la reprise de l’activité. Mon prédécesseur avait lancé une collaboration avec l’Office cantonal de l’emploi, mais combler les postes vacants dans l’hôtellerie s’est avéré difficile. Il faut un travail de fond pour rendre nos professions plus attrayantes, mais cela prend du temps. A ce titre, la motion Ettlin ne nous aide pas (acceptée par le parlement fédéral, elle prévoit que les salaires prévus par les conventions collectives de travail nationales de force obligatoire priment sur les salaires minimaux cantonaux, qui peuvent être supérieurs - ndlr). La mettre en œuvre représenterait une baisse de salaire de 4030 francs à 3700 francs pour le personnel non qualifié, même si nous n’y sommes pas obligés. Sera-t-on en mesure de le faire accepter par nos collaborateurs? J’y vois une difficulté évidente. Et ce n’est pas comme cela que nous allons attirer du personnel déjà difficile à trouver. Le parlement a aussi interdit aux plateformes de réservation d’imposer des clauses empêchant les hôtels de proposer des tarifs plus avantageux sur leurs propres sites.

Le secteur en profite-t-il?

Les plateformes nous amènent une part considérable de notre clientèle, de 20% à 40%. C’est clair: on ne peut plus travailler sans elles. Leurs commissions nous coûtent cher - entre 12% et 17% du prix de la chambre -, mais cela peut être considéré en partie comme des frais de marketing, de par la visibilité que ces plateformes offrent. Or, il est important d’apparaître en haut de leurs résultats de recherche et, pour cela, il est préférable de garder de bonnes relations avec elles. A chacun de voir s’il veut maintenir la parité entre les prix qu’il propose en direct et sur les plateformes.

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