Mirel Bran De Bucarest Publié vendredi 17 février 2023
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L’avenir est fascinant, mais opaque en raison de son caractère incertain. Pendant des années nous étions persuadés que les robots assureraient nos tâches mécaniques et nous laisseraient du temps pour nous livrer à des activités plus créatives.
Le lancement de ChatGPT-3 par l’entreprise américaine Open AI en 2022 nous a cependant montré que notre avenir pourrait être tout autre. Ce ne sont plus seulement les tâches mécaniques qui sont menacées, mais aussi les activités intellectuelles.
GPT, Generative Pre-trained Transformer, est un transformateur génératif pré-entraîné capable de générer du texte à partir d’une entrée minimale. En d’autres termes, ChatGPT-3 est un algorithme d’intelligence artificielle capable de répondre à toutes nos questions en plusieurs langues, de faire des devoirs, d’écrire des poèmes, des pièces de théâtre, des scénarios de films et même de coder des applications en quelques secondes. Et ce n’est qu’un début, car cette année les textes créés seront reliés à des images et à des vidéos générées par d’autres algorithmes.
Ces nouvelles formes d’intelligence artificielle représentent aussi une opportunité économique considérable. Microsoft a annoncé son intention d’investir dix milliards de dollars pour capitaliser et développer ChatGPT-3, qui promet de détrôner Google. Ce dernier a répondu en lançant Bard, son propre algorithme d’intelligence artificielle, afin de rivaliser avec ChatGPT. Amazon et Facebook préparent eux aussi leurs propres algorithmes. Selon Precedence Research, une organisation d’études de marché et de conseils, le marché de l’intelligence artificielle, qui s’élève actuellement à 119 milliards de dollars, pourrait atteindre 1597 milliards de dollars en 2030.
Bien qu’il soit très attrayant, il soulève une question cruciale: où nous mènera-t-il avec ses technologies perturbatrices qui dépasseront bientôt notre capacité cognitive? Le monde de demain sera-t-il fondé sur les mêmes principes que le nôtre? Pour l’instant, les algorithmes d’intelligence artificielle sont contrôlés par les géants américains qui les utilisent pour générer d’énormes profits. Mais travailleront-ils pour nous ou contre nous? Sera-t-il possible de briser ce monopole sur les nouvelles formes d’intelligence artificielle? Et si nous avions tous accès à ces technologies pour créer notre propre entreprise et devenir des acteurs de l’économie de demain?
Le défi consiste aujourd’hui à se demander lequel de ces géants technologiques réussira à s’imposer. Mais demain, la question sera de savoir si nous serons capables de décentraliser ces algorithmes pour les rendre accessibles à tous, ce qui permettrait aux gens de monnayer leur intelligence. Cette lutte a déjà commencé et ressemble à une nouvelle version de l’histoire de David et Goliath. Les géants technologiques sont les Goliath, mais Emad Mostaque, le petit David, est là pour les défier. Emad a grandi au Bangladesh et a déménagé à Londres lorsqu’il avait 7 ans. En 2005, il a obtenu un diplôme en mathématiques et en informatique à l’Université d’Oxford. Son parcours a pris une autre direction lorsqu’il a appris que son fils était autiste. Pour l’aider à se concentrer, il a passé des années à étudier l’analyse du langage et son association avec les images, ce qui lui a permis de découvrir le Graal de l’intelligence qu’il a intégré à son propre algorithme.
En 2020 il a fondé Stability AI1, dont le slogan «Intelligence artificielle pour le peuple et par le peuple» traduit son ambition de décentraliser les applications du futur. «Mon travail a été motivé par le désir d’anticiper l’avenir et d’apporter à notre présent les technologies qui amélioreront la vie de nos enfants», a-t-il déclaré. Emad veut créer un espace qui attirera les cerveaux les plus brillants et leur donnera les moyens de s’exprimer. Lorsque les cerveaux les plus intelligents se concentreront, il est certain que quelque chose d’important se produira. Mais c’est à nous de décider si cette chose sera notre alliée ou notre ennemie.
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