La Gruyère va produire de l'hydrogène vert

Pierre Cormon
Publié dimanche 04 février 2024
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#Hydrogène L'unité permettra de produire trois cent mille kilos d'hydrogène vert par année.

Le bâtiment industriel qui fait face à l’usine Liebherr, à Bulle, de l’autre côté de la voie ferrée, a l’air d’un banal hangar industriel. Il abrite pourtant un projet pionnier. Une installation de production de l’hydrogène vert est en train d’y être installée par la société Gruyère Hydrogen Power. «C’est Liebherr qui nous a approchés», raconte Patrick Sudan, CEO de Gruyère Hydrogen Power. «Ils développent des moteurs à combustion (comme ceux des voitures à essence - ndlr) alimentés à l’hydrogène vert pour des secteurs tels que l’industrie minière, la construction et l’agriculture. Les moteurs à combustion sont en effet particulièrement robustes; ils supportent la chaleur et la poussière, notamment.»

Liebherr consacre deux bancs d’essais à cette activité. Ils sont alimentés par de l’hydrogène vert produit dans le nord de la Suisse et transporté par la route. L’entreprise veut le remplacer par de l’hydrogène vert local, fourni par pipeline, ce qui est plus avantageux du point de vue environnemental. Elle s’est donc tournée vers Gruyère Energie SA (GESA), les anciens Services industriels de la Ville de Bulle, qui y a vu une bonne occasion de se lancer dans ce nouveau vecteur énergétique. GESA a créé la société Gruyère Hydrogen Power, où l’ont rejoint Liebherr et les Transports publics fribourgeois, comme actionnaires minoritaires.

Situation idéale

«Le site est très bien situé, dans une zone industrielle à proximité de l’autoroute», explique Patrick Sudan. «Il y a donc des clients potentiels, comme des industries de la zone ou des stations-service qui proposent déjà de l’hydrogène à Chexbres et à Crissier.»

L’électricité employée pour produire l’hydrogène viendra de trois sources. Une centrale à bois produira à la fois de la chaleur, pour un réseau de chaleur à distance, et de l’électricité pour l’installation de manière constante. Des panneaux photovoltaïques produiront du courant quand la météo le permettra. Le reste viendra du réseau, avec de l’électricité certifiée verte.

Pipeline

L’unité permettra de produire trois cent mille kilos d’hydrogène vert par an et d’en stocker jusqu’à deux cents kilos. Liebherr en absorbera environ un tiers dans un premier temps, une proportion qui pourrait doubler à terme. Gruyère Hydrogen Power aura donc la capacité de servir d’autres clients. S’ils se trouvent dans un rayon d’un ou deux kilomètres, on peut étudier la possibilité de les servir par pipeline. Des camions pourront charger de l’hydrogène pour l’amener à des clients plus lointains. L’entrée en service est prévue en avril. L’investissement devrait être rentabilisé en dix ou quinze ans.

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