#Politique fédérale La Fédération des Entreprises Romandes a ouvert une représentation permanente à Berne. Rencontre avec sa responsable, Valérie Bourdin.
Mieux faire entendre la voix de l’économie romande au niveau fédéral: tel est l’un des objectifs que s’est donnée la Fédération des Entreprises Romandes (FER, dont la FER Genève fait partie, aux côtés de cinq autres associations). Elle a donc ouvert un bureau permanent à Berne, le 1er septembre 2024. A sa tête, Valérie Bourdin, déléguée aux affaires fédérales et régionales. Cette habituée de la Berne fédérale a auparavant travaillé pour l’Association des entreprises électriques suisses, l’Association suisse d’assurances et la Confédération, ce qui lui a permis d’approfondir divers sujets et de tisser de nombreux liens.
Comment identifiez-vous les sujets sur lesquels vous travaillez?
Au niveau fédéral, il s’agit d’abord de se concentrer sur les sujets qui font partie de l’ADN de la FER: le marché du travail, l’AVS, la prévoyance vieillesse, la formation professionnelle, notamment. Puis, plus largement, les thèmes prioritaires qui peuvent avoir un impact sur les entreprises: relations avec l’Union européenne, énergie, durabilité, aménagement du territoire, fiscalité, transports, politique sociale, de la santé, etc. Ce qui fait également la richesse de notre démocratie directe, c’est la possibilité que chaque citoyen a de lancer une initiative populaire. Si elle aboutit, elle finira par être traitée au Parlement fédéral. Nous suivons donc attentivement celles qui peuvent concerner les entreprises. Actuellement, des initiatives comme celle qui veut empêcher une Suisse à dix millions d’habitants ou celle qui veut imposer les successions des très grandes fortunes retiennent notre attention. Dans le futur, on peut aussi s’attendre à voir revenir un thème comme celui des entreprises responsables.
A partir de là, comment procédez-vous?
Il s’agit d’un travail d’équipe, mené avec les organisations membres de la FER. Un processus interne existe déjà; pour chaque grand thème, nous disposons d’un pôle de compétences composé de collaborateurs spécialisés qui évaluent les dossiers, particulièrement pour les consultations du Conseil fédéral. Nous nous coordonnons également avec les autres organisations faîtières de l’économie. Une fois le processus parlementaire lancé, il faut faire le travail de lobbying. Cela consiste en la défense des intérêts, via des rencontres et des échanges personnels avec l’administration, les élus et les secrétariats de partis.
A quel stade vous intéressez-vous aux dossiers?
Le plus tôt possible. Cela peut être au stade où un parlementaire qui envisage de déposer une intervention nous consulte, dans le cadre d’échanges avec l’administration fédérale ou encore au sein des commissions extra- parlementaires, où des projets de réforme s’esquissent. Des représentants de la FER siègent dans plusieurs d’entre elles et c’est l’occasion d’y faire valoir les intérêts des entreprises romandes. Nous accompagnons ensuite tout le processus, qui passe généralement par une procédure de consultation, la préparation d’un projet par le Conseil fédéral, le travail parlementaire, l’adoption de la loi, la consultation des ordonnances d’application, jusqu’à l’entrée en vigueur. Nous voulons présenter nos arguments à chaque étape. C’est un travail de longue haleine, qui doit se faire de manière professionnelle.
C’est-à-dire?
La personne avec laquelle vous parlez doit savoir exactement quels intérêts vous représentez – ce qui est clair quand on représente une organisation comme la FER. Le travail de lobbyiste se fonde sur un rapport de confiance; il doit se faire de manière intègre et transparente, dans le respect de l’interlocuteur. Il faut se souvenir que l’on peut défendre un point de vue auprès d’un parlementaire, mais que c’est à lui seul que revient la décision. La Société suisse de Public Affairs, au comité de laquelle je siège, a établi un code de conduite que ses membres s’engagent à respecter. L’authenticité et le fait d’aimer les gens sont clairement des atouts.
Comment êtes-vous reçue, notamment du côté alémanique?
Très bien. Il existe un véritable intérêt à connaître le point de vue des Suisses romands. Le passé a montré que leur voix mérite d’être entendue, particulièrement en prévision d’une votation fédérale. Je travaille dans la Berne fédérale depuis plus de vingt ans et j’ai pu y lier des relations de confiance.
Un sujet parmi ceux qui vous occupe ces temps-ci?
La session d’hiver avec plusieurs dossiers à l’ordre du jour concernant le deuxième pilier, les relations avec l’Union européenne ou l’énergie. Un autre exemple: les commissions d’interchange des cartes de débit (qui sont payées aux émetteurs de cartes de crédit par les intermédiaires qui traitent avec les commerçants, mais sont in fine à la charge de ces derniers - ndlr). Deux motions acceptées par le Conseil national demandent à juste titre qu’elles soient supprimées. Par manque de temps, c’est seulement l’année prochaine que le Conseil des Etats se prononcera sur ce dossier. La FER a bien l’intention de se battre dans l’intérêt des petits commerces qui sont écrasés par le poids de ces commissions d’interchange.
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