Quarante-quatre. C’est le nombre de professions révisées ou nouvellement créées dont les prescriptions ont été approuvées ou édictées par le Secrétariat d’Etat à la formation, à la recherche et à l’innovation (SEFRI) au cours du second semestre 2022. Dans le détail, cette information récente concerne six métiers du niveau initial de la formation professionnelle – pour les élèves sortant de l’école – et trente-huit du niveau de la formation supérieure – pour ceux qui ont un certificat fédéral de capacité (CFC). Ce travail d’analyse, mené tous les cinq ans et qui vise à déceler et à concrétiser les besoins de formation de l’économie helvétique, fait notamment apparaître de nouvelles professions.
Trois nouvelles professions
Depuis cette année, il sera possible de devenir développeuse/développeur de business numérique CFC. Cette formation concrétise cette mégatendance qu’est la numérisation. A l’issue de quatre ans d’enseignement, les diplômés auront acquis les compétences nécessaires pour soutenir la transformation numérique des entreprises. Ils pourront élaborer des solutions qui optimisent les étapes de travail et des produits numériques. L’usage des technologies numériques apparaît aussi dans le métier d’automaticien du bâtiment, diplômé ES (Ecole supérieure). «C’est une évolution clairement due à la digitalisation, mais aussi à la problématique grandissante de l’énergie. Les bâtiments se gèrent de plus en plus de manière centrale et la technologie permet un usage économe de l’énergie», commente Michel Fior, chef d’unité suppléant au SEFRI. Toujours au chapitre de la formation tertiaire, on peut lire aussi que la Confédération remettra désormais des brevets fédéraux aux cuisiniers et aux cuisinières en diététique. Cet enseignement remplace la formation complémentaire de cuisinier en diététique CFC.
Un système efficace
Le rapport du SEFRI illustre le bon fonctionnement du système d’enseignement professionnel. Directeur général du Centre de formation professionnelle Berne francophone, Cédric Bassin ne tarit pas d’éloges à son sujet. Cette analyse des besoins de formation est «très efficace», dit-il, car sa force réside dans le fait qu’elle est pilotée par les organisations du monde du travail. Celles-ci s’entretiennent régulièrement avec les écoles professionnelles, mais, au final, c’est le «terrain» qui expose ses besoins à la Confédération, responsable du cadre légal.
Pour Cédric Bassin, cela explique le faible niveau de chômage chez les jeunes. «Grâce à ce système, les jeunes qui terminent leur apprentissage sont quasiment assurés d’avoir du travail.» Chef du Service de la formation professionnelle du canton de Fribourg et président de la Conférence suisse des offices de la formation professionnelle, Christophe Nydegger abonde dans ce sens: «Le système est excellent, il marche bien. Ce sont les métiers qui expriment leurs besoins et ceux-ci sont alors couverts rapidement et efficacement au niveau national».
Parfois chronophage
L’adéquation au monde du travail est considérée comme atout de ce processus. Michel Fior relève sa souplesse et sa rapidité. «La période de cinq ans est raisonnable, car elle permet d’identifier les besoins et d’édicter les ordonnances qui s’imposent sans solliciter les organismes professionnels en permanence.» Laurent Baechler, responsable des cours interentreprises à la FER Genève, considère aussi que cette période est «assez rapide» et qu’elle laisse suffisamment de temps à la réflexion. Il rappelle aussi que les associations professionnelles peuvent, si nécessaire, adapter leurs cours régionalement, sans attendre la promulgation d’une nouvelle ordonnance.
Pour Cédric Bassin, le système de révision peut cependant s’avérer chronophage pour les écoles, les services cantonaux et les entreprises. Christophe Nydegger ne le contredit pas: «On ne peut pas le nier, lorsqu’il y a urgence ou de gros changements à apporter, il y a parfois passablement de travail, pour former le personnel enseignant, par exemple, ou acheter du nouveau matériel». Il ajoute cependant qu’«en général, cela se passe bien dans la quasi-totalité des métiers, car on a du temps pour voir les choses arriver.»
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