La Suisse, bonne cliente des centrales à charbon allemandes
Pierre Cormon
Publié vendredi 29 avril 2022
Lien copié
#Marquage électricité En hiver, la Suisse doit importer de l'électricité. Son origine est principalement nucléaire et fossile.
La Suisse a un problème. Elle produit plus d’électricité que ce dont elle a besoin, en été, quand les barrages de montagne sont bien remplis et la consommation relativement basse. Sa production est cependant inférieure à ses besoins en hiver, quand le niveau des barrages de montagne est bas et la consommation plus élevée. Elle exporte donc du courant en été et en importe en hiver.
Or, l’électricité qu’elle exporte est surtout hydroélectrique, alors que celle qu’elle importe vient pour la plus grande part de centrales nucléaires françaises et de centrales à charbon allemandes.
L’Allemagne applique en effet ce qu’on appelle un ordre de mérite. La production d’électricité d’origine renouvelable (photovoltaïque, éolien, barrages au fil de l’eau) est mise en œuvre en premier. Ce n’est que si elle ne suffit pas à répondre à la demande que les centrales à gaz peuvent être enclenchées. Ce n’est que si ni les unes ni les autres ne suffisent pas que l’on met en marche les centrales à charbon.
Demande additionnelle
«Or, quand une demande additionnelle arrive de Suisse, le plus souvent en hiver et aux heures de pointe, le photovoltaïque et l’éolien produisent généralement déjà à pleine capacité», explique Eliott Romano. «On met donc en route des centrales fossiles (gaz, charbon), qui ne l’auraient pas été sans cela.» Si la production d’électricité allemande dégage tellement de CO2, (quatorze à vingt-huit fois plus que celle de la Suisse, selon les sources), c’est donc en partie à cause des clients helvètes.
Côté pile, les échanges d’électricité sont indispensables pour assurer l’approvisionnement électrique de la Suisse. Côté face, ils péjorent nettement le bilan environnemental de l’électricité qu’on y consomme.
Ainsi, l’électricité importée d’Allemagne ne représentait que 17% de la consommation en 2017. Elle a cependant été à l’origine de 70% de l’impact climatique du courant utilisé dans le pays, selon les calculs effectués par le groupe Building 2050 de l’EPFL. «Chaque kilowattheure importé d’Allemagne a un impact énorme», commente Thomas Jusselme, professeur à la Haute école d’ingénierie et d’architecture de Fribourg, l’un des auteurs de l’étude.
En autorisant les services tiers, vous acceptez le dépôt et la lecture de cookies et l'utilisation de technologies de suivi nécessaires à leur bon fonctionnement. Voir notre politique de confidentialité.