Laboratoire du développement durable

Des adjuvants ont permis de diminuer la quantité de ciment utilisé pour lier le béton.
Des adjuvants ont permis de diminuer la quantité de ciment utilisé pour lier le béton.
Pierre Cormon
Publié vendredi 16 décembre 2022
Lien copié

#Bâtiment Spark Des solutions novatrices pour préserver les matières premières et minimiser l’empreinte carbone du nouveau centre de formation et d'intégration professionnelles.

Le développement durable? Il occupe une place centrale dans le projet Spark. Ce nouveau pôle consacré à la formation professionnelle, l’insertion et l’intégration ouvrira dans la zone industrielle de Plan-les-Ouates à la rentrée 2023, sur trente-quatre mille mètres carrés (lire: Un nouveau pôle pour la formation professionnelle). Le projet est porté par la CIEPP (Caisse Inter-Entreprises de Prévoyance Professionnelle) et la Fédération des Entreprises Romandes Genève, en collaboration avec différents partenaires.

Le volet social du développement durable sera au cœur de l’activité de Spark, qui abritera notamment des organismes voués à l’intégration de personnes sans formation, au chômage ou en situation de handicap. Quant au volet environnemental, il a occupé une place centrale dans la conception des ouvrages. Sur l’ensemble du cycle de vie d’un bâtiment, on estime qu’environ trois quarts des émissions de CO2 sont générés par les matériaux lors de la construction et seulement un quart par l’énergie, durant son exploitation. Une attention particulière a donc été portée à cette première phase.

Fabrication à froid

La fabrication du ciment classique, l’élément qui lie le béton, dégage notamment beaucoup de CO2, car elle se fait habituellement à une température de 1450°C pendant dix-huit heures. Un béton bas carbone a donc été testé sur ce chantier, d’entente entre la CIEPP, l’investisseur, et Losinger Marazzi, l’entreprise qui a réalisé les travaux. «Le béton bas carbone est fait à partir de ciment activé à froid sans cuisson, à base de produits revalorisés de l’industrie», explique Philippe Bernard, CEO adjoint de Losinger Marazzi. «Le séchage du béton prend plus de temps, mais permet de réduire les émissions de carbone pratiquement de moitié.»

Ce béton a été employé pour la première fois par les deux partenaires sur certaines parties du bâtiment. «Le test étant concluant, nous utiliserons ce type de béton pour réaliser d’importants projets immobilier que développe la CIEPP dans le canton», note Arnaud Ducellier, responsable du service immobilier de la caisse.

Adjuvants

Un catalyseur pour béton développé par Nanogence, spin off de l’EPFL, a également été testé sur un chantier – une première en Suisse, et même en Europe. Il s’agit d’un adjuvant qui permet de réduire l’utilisation de ciment de l’ordre de 15%, ce qui diminue les émissions de CO2. La façade est constituée à 80% d’aluminium recyclé. «Il s’agit d’une solution que nous utilisons de plus en plus», note Benjamin Catoire, responsable des travaux de Losinger Marazzi à Genève. «Nous poussons nos sous-traitants à l’adopter.»

Réemploi

Le recyclage, c’est bien, le réemploi – qui consiste à réutiliser des éléments de construction tels quels – c’est encore mieux, puisque cette approche consomme un minimum de matière et d’énergie. «Alors que nous construisions les bâtiments de Spark, nous procédions aussi à la déconstruction d’un bâtiment à Rhône-Fusterie», raconte Philippe Bernard. «Nous avons proposé d’y récupérer des parois en très bon état pour les réutiliser sur le chantier de Spark». L’association Réalise, l’un des futurs locataires, s’est montrée très intéressée. Environ 30% des parois des locaux qu’elle occupera sont issues de ce gisement. «Cette démarche nous invite à réfléchir différemment», relève Arnaud Ducellier. «Au lieu d’élaborer les plans, puis de produire les matériaux nécessaires à la réalisation des aménagements, nous avons établi les plans d’aménagement en fonction des matériaux que nous avons récupérés.»

Exploitation

La phase d’exploitation des bâtiments n’a pas été oubliée. Leur enveloppe a été réalisée de manière à respecter les exigences du label Minergie afin de limiter les déperditions d’énergie.

Le chauffage et le rafraîchissement seront apportés par le réseau de chaleur à distance CAD ZIPLO, exploité par les SIG. Il tire parti des rejets thermiques du centre d’hébergement informatique Safe Host, situé dans une rue voisine. Ceux-ci permettent de fournir plusieurs bâtiments de la zone aussi bien en chaleur qu’en fraîcheur, grâce à des pompes à chaleur. Quand la météo le permet, celles-ci fonctionnent avec de l’énergie photovoltaïque, grâce à des panneaux installés dans ce but. Une chaudière à gaz permet de couvrir les pointes de consommation.

Panneaux photovoltaïques

Une partie de l’électricité consommée par les bâtiments de Spark sera produite sur place, grâce à des panneaux photovoltaïques. «L’autoconsommation est bénéfique au niveau environnemental et permet également aux utilisateurs de bénéficier d’un tarif avantageux par rapport au tarif régulé», relève Arnaud Ducellier.

Enfin, une partie des prestations en lien avec l’entretien et la maintenance du bâtiment sera assurée par des organismes qui y seront logés. «C’est un circuit court, qui limite les déplacements et favorise la qualité du service», commente Arnaud Ducellier.

C’est également bénéfique sur le plan social, puisque cela donne leur chance à des personnes en formation. Economie, environnement et aspects sociaux sont ainsi réconciliés, comme le veut le développement durable. 

insérer code pub ici