Les Suisses sont les plus grands consommateurs de chocolat au monde: 11 kilos par personne et par an. Le chocolat suisse est réputé dans le monde entier et les chocolatiers helvétiques sont les jaloux garants de ce produit, qu’ils défendent âprement par le biais de leurs dépôts de marque et de leur organisation faîtière, Chocosuisse.
Pourtant rien ne prédestinait la Suisse, où ne pousse pas le cacao, à devenir un pays emblématique de cette douceur. C’est grâce à l’ingéniosité de quelques visionnaires et grâce à son sens de l’innovation que la Suisse a acquis son savoir-faire et sa réputation en la matière. L’Europe représente environ 35% de la production mondiale totale de chocolat et les États-Unis 28%. Aucun des principaux producteurs de chocolat n’est une source première de cacao et aucun des principaux pays producteurs de cacao n’est un centre important de fabrication de chocolat.
Aujourd’hui, à l’heure où les questions de durabilité sont placées sur le devant de la scène, cette réalité questionne. Pour y répondre, les producteurs de chocolat en Suisse se sont associés à la mise sur pied de la Plateforme suisse du cacao durable. Ses membres, parmi lesquels le secteur public, des organisations non gouvernementales et des instituts de recherche, s’engagent pour améliorer les conditions de vie des producteurs de cacao, protéger les ressources naturelles et promouvoir la biodiversité. Il est urgent d’agir, la déforestation ayant pris une ampleur inquiétante et la biodiversité souffrant au point que certains producteurs doivent polliniser leurs plants de cacao à la main, les moustiques qui s’occupent naturellement de cette tâche ayant disparu.
Des entreprises en Côte d’Ivoire ou au Brésil produisent désormais du chocolat sur place, notamment pour favoriser les circuits de production courts. L’immense majorité des consommateurs se trouvant néanmoins dans les pays occidentaux, la logistique restera un défi majeur. En Suisse, la Haute école des sciences appliquées de Zurich travaille sur ces questions, main dans la main avec des instituts de recherche dans les pays producteurs de cacao. Un domaine prometteur est la culture cellulaire, qui vise à créer du chocolat de laboratoire. Si les résultats sont encourageants, ce type d’aliment n’est pas encore disponible sur le marché. Ils laissent cependant espérer qu’il sera possible d’accroître la production mondiale sans porter davantage atteinte à l’environnement. Le chocolat est au cœur d’enjeux alimentaires, identitaires, écologiques, sociétaux et économiques. Il est un exemple des défis de notre monde. Je vous souhaite beaucoup de plaisir à la lecture de ce magazine sur les états du chocolat! n
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