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Le Léman Express victime de l’immobilisme

Véronique Kämpfen Publié le jeudi 19 octobre 2023

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Entre cinq mois et 10 ans de retard. C’est le constat des cours des comptes des cantons de Genève et de Vaud et de la région Auvergne-Rhône-Alpes quant à l’état des mesures d’accompagnement pour favoriser l’utilisation du Léman Express. Pour atteindre ses objectifs de réduction de trafic motorisé et de baisse des émissions de CO2, cette infrastructure ferroviaire, la plus grande réalisée à l’échelle transfrontalière en Europe, doit être accompagnée d’actions concrètes favorisant le report modal. Las, nous en sommes bien loin. Plus de la moitié des mesures planifiées (parkings relais, voies vertes, pistes cyclables, lignes de bus, etc.) ont été retardées, revues ou carrément abandonnées. La gare de Coppet attend un parking relais depuis une décennie, la voie verte entre Annemasse et l’hôpital cantonal a dix ans de retard.

En France voisine, les tarifs de parking autour des gares ne sont pas harmonisés, allant de gratuit à cher, ce qui incite les conducteurs à faire des kilomètres supplémentaires pour aller se garer. Quelque 77% des travailleurs frontaliers continuent à prendre la voiture pour se rendre au travail à Genève. Malgré ses 60 000 passagers par jour, le Léman Express est donc loin de tenir ses promesses et le canton de Genève étouffe sous les flots de circulation. Cette incurie coûter cher. On sait déjà que les infrastructures à développer sur sol suisse coûteront en moyenne 30% de plus qu’initialement budgété et que la Confédération risque de retirer ses soutiens financiers si les choses n’avancent pas. L’immobilisme ne fera que renforcer les problèmes, puisque la région lémanique, très dynamique économiquement, continuera de se développer, de créer des places de travail et d’attirer des travailleurs. Concrétiser les mesures d’accompagnement du Léman Express est indispensable, mais cela ne suffira pas pour atteindre les objectifs de mobilité et climatiques de la région. Il est urgent de créer une nouvelle ligne ferroviaire entre Genève et Lausanne pour répondre aux enjeux démographiques. A l’horizon 2050, la métropole lémanique comptera 340 000 habitants supplémentaires, entraînant une croissance des besoins en mobilité de plus de 50%. Si on veut éviter une augmentation du trafic routier, il est urgent de développer dès à présent le rail. C’est la demande faite hier par les associations économiques et patronales des cantons de Vaud et de Genève, dont la FER.

Il faut l’entendre et passer aux actes. Le rapport sur le Léman Express a montré de façon éclatante les difficultés pour réaliser des infrastructures ferroviaires et leurs mesures d’accompagnement. Sachant cela, la région lémanique a déjà presque un train de retard pour enfin créer une impérative deuxième voie ferroviaire.