#Cyberguerre Augmenter le nombre de soldats qui se battent dans les univers virtuels: un objectif nécessaire.
Vers 2030, la Suisse devrait disposer de sept mille soldats dont la mission sera de se battre dans le cyberespace. Les éléments de réflexion stratégique se retrouvent dans la plupart des pays européens. Neutraliser les moyens de l’adversaire, c’est le principe connu depuis longtemp chez les militaires. Avec la cyberbataille, cependant, tout change. L’arme informatique peut aider à clouer au sol des bombardiers ou des missiles, elle peut aussi s’en prendre à des infrastructures civiles stratégiques, comme les réseaux énergétiques. La grande différence, c’est que les stratèges ne savent plus forcément quand commence le conflit.
En temps de paix, les attaques hostiles sont déjà nombreuses et, dans certains cas, inquiétantes. Du point de vue du droit, un gros ordinateur est une arme non létale, mais elle peut engendrer des victimes, en bloquant par exemple un service hospitalier. Déjà en cours à travers la planète, la guerre de l’information poursuit des objectifs de déstabilisation politique dans certains Etats. Ce n’est jamais un geste amical, qu’il s’agisse d’acteurs étatiques ou non.
Lignes nouvelles
L’armée avait coutume de raisonner en termes de places d’armes, de lignes de défense, de points stratégiques à fortifier sur le territoire. Le cyberespace, lui, est partout, à commencer par les entreprises. Leurs déboires sur le web deviennent presque une affaire d’Etat, car celui-ci doit répertorier tous les problèmes pour en identifier la source et organiser soit la parade, soit la riposte. Dans une société moderne de plus en plus numérisée, le lien entre civil et militaire est donc appelé à se renforcer, opérateurs de télécommunications inclus. De plus, la notion de frontière est abolie devant les écrans, ce qui implique une meilleure coopération avec de nombreux pays.
La question de l’engagement sur le terrain devient encore plus complexe. A partir de quand a-t-on franchi la frontière de l’adversaire dans le cyberespace? Entre la mesure des effets d’une attaque informatique dans un Etat et la capacité d’identifier des marqueurs techniques valant signature d’un agresseur, il y a une zone grise dans laquelle l’agresseur et l’agressé pourraient clamer que leur souveraineté a été violée.
Question de dosage
L’ancien diplomate français Jean-Louis Gergorin évoque la graduation de ces batailles d’un genre nouveau. «Il a souvent été demandé aux gouvernements de se doter d’un système de cyberdissuasion. Or, le cyberespace ne permet pas de disposer d’une dissuasion semblable à la dissuasion nucléaire, sauf en cas de cyberattaque massive contre les infrastructures essentielles d’une nation. Mais face à une cyberguérilla quotidienne, on doit montrer une capacité à blesser l’attaquant selon un mode de défense que j’appellerais réactif. On doit identifier l’adversaire et le punir, non pas pour provoquer une escalade, mais pour montrer qu’on sait qui il est.» Qu’il s’agisse du militaire, du renseignement ou du judiciaire, les instruments majeurs de l’Etat sont appelés à se coordonner pour contrer efficacement ce type de menaces.
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