Les ambitions de Genève se matérialisent avec le futur centre mondial des technologies quantiques

Laboratoire quantique, Université de Genève.
Laboratoire quantique, Université de Genève. UNIGE Lionel Windels
Flavia Giovannelli
Publié jeudi 16 novembre 2023
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#Technologies quantiques Il faut nous préparer au mieux à la révolution quantique.

Selon les experts - scientifiques ou diplomates - la prochaine révolution que vivra l’humanité sera celle des technologies quantiques. Or, les précédents bouleversements industriels ou technologiques ont toujours entraîné des difficultés sur les plans sociaux et économiques. Les experts se sont donné le mot dans leur ambition de mieux nous préparer à cette évolution. «Au Geneva Science and Diplomacy Anticipator (GESDA - ndlr), nous avons notamment pour mission d’identifier les percées scientifiques d’importance, qui arriveront dans les cinq à quinze ans. Indéniablement, les technologies quantiques se présentent avec un énorme potentiel», résume Jean-Marc Crevoisier, responsable de l’information au GESDA.

Forte de ce constat, cette fondation, bras de la diplomatie scientifique suisse, a imaginé il y a un peu plus de deux ans la création d’un centre mondial de compétences dans les technologies quantiques qui aurait son siège à Genève. Dans l’intervalle, Peter Brabeck-Letmathe, président du conseil du GESDA, n’a pas caché son enthousiasme et a même tenu à accélérer le processus. Au final, l’annonce du lancement officiel de l’Open Quantum Institute (OQI) a pu être faite le 13 octobre dernier, lors du Forum mondial d’anticipation de GESDA organisé au CERN.

La force de l’écosystème genevois

Ce beau projet poursuit plusieurs objectifs, dont celui mettre des ordinateurs quantiques de haute performance à la disposition de toutes les personnes intéressées par la recherche de solutions pour accélérer la mise en œuvre des objectifs de développement durable de l'ONU dans les domaines de la santé, de l'énergie, de la protection du climat et de tout autre domaine d'application pertinent. «Nous avons consulté plus de cent cinquante spécialistes du monde scientifique et diplomatique pour aboutir à ce résultat rapide, essentiel pour tenir à distance toute éventuelle concurrence», résume Jean-Marc Crevoisier. Genève a pour atouts de disposer d’un écosystème en phase avec de telles ambitions, avec le siège européen des Nations unies, ainsi que d’acteurs de premier plan dans le domaine de la physique.

Avec l’appui du CERN et d’UBS

L’un des principaux défis a été de trouver des partenaires capables de porter le projet imaginé par le GESDA et de le soutenir financièrement. C’est ainsi que le CERN a été choisi pour abriter l’OQI qui sera officiellement lancé en mars 2024. «Par la nature de ses recherches, les technologies qu'il développe et son approche scientifique ouverte, le CERN est bien placé pour promouvoir l'application des technologies de l'information et de la communication, propre à mener à une transformation de la société. Nous sommes fiers d'accueillir la phase pilote de trois ans de l'OQI», a déclaré Fabiola Gianotti, directrice générale du CERN. Pendant la phase pilote, l'OQI bénéficiera de l'expérience du CERN en matière de rassemblement de personnes du monde entier pour repousser les frontières de la science et de la technologie au profit de tous.

Du côté du financement, UBS a pu apporter une contribution essentielle, malgré le fait que la banque traverse une année complexe, avec l’intégration de Credit Suisse. Christian Bluhm s’est ainsi réjoui, lors de la conférence de presse, de pouvoir aider à la mise en place d’un réseau dans un tel domaine de pointe, pour se préparer à l’impact que cette technologie aura sur le monde des affaires. Enfin, Ignazio Cassis avait effectué le déplacement à Genève pour la cérémonie officielle de lancement de l’OQI. Le Conseiller fédéral, responsable du département des affaires étrangères, est conscient des enjeux autour de ce rôle important à l’échelle internationale.

«La Suisse n’a pas de structure officielle pour une diplomatie scientifique, contrairement à ce qui se fait dans certains Etats», observe Jean-Marc Crevoisier. «C’est pourquoi notre fondation joue ce rôle et entend relever le défi de la gouvernance mondiale à la lumière de la science et de la technologie numérique».

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