Les multinationales ont besoin de perspectives et de talents
Flavia Giovannelli
Publié jeudi 20 juin 2024
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#Accords bilatéraux Les entreprises multinationales ont besoin des accords bilatéraux!
L’avenir des relations entre la Suisse et l’UE ne laisse pas du tout indifférent le secteur des multinationales de l’arc lémanique. «L’Union européenne est le principal partenaire commercial de la Suisse et depuis leur signature, les accords bilatéraux ont produit des effets significatifs sur les plans stratégiques et économiques», résume Catherine Noël, membre du comité du Groupement des entreprises multinationales (GEM) et responsable des ressources humaines Europe, Moyen-Orient et Afrique au sein du groupe Gunvor.
Avant tout, la libre circulation des personnes est vue comme le principe fondamental maintenant la compétitivité des plus gros employeurs de la place. En effet, les multinationales sont confrontées à une pénurie de main-d’œuvre pour les emplois à haute valeur ajoutée. Il est donc primordial de pouvoir se tourner vers le marché de l’UE et de l’AELE en complément à la main-d’œuvre locale, voire même de se tourner vers le marché extra-communautaire.
La Suisse, dépourvue de matières premières, se distingue principalement par son secteur de la recherche et du développement. Actifs à l’échelle internationale, travaillant avec l’Asie ou les Etats-Unis, les membres du GEM sont aux premières loges pour apprécier les avantages de la proximité géographique et culturelle du réservoir naturel représenté par le continent européen. La libre circulation permettant de recruter des talents dans l’UE et l’AELE sans entraves renforçant la capacité d’innovation et la compétitivité des multinationales.
Des retombées concrètes
«À mesure que le secteur des matières premières se développe et que la concurrence s’intensifie, toutes les entreprises recherchent un avantage. Chez Gunvor, nous aspirons à bénéficier d’une main-d’œuvre internationale aux compétences accrues nous permettant d’explorer tous les nouveaux concepts. Nous sommes donc constamment en quête de moyens pour élargir cette diversité», poursuit Catherine Noël.
Le GEM ne conçoit pas davantage que la Suisse se prive de programmes européens à moyen terme. Certaines multinationales ont établi leur pôle de recherche dans la région afin de bénéficier de synergies avec les universités et les hautes écoles, parmi les mieux classées au monde. Les dirigeants des multinationales souhaitent profiter de collaborations internationales à grande échelle et se donner les moyens d’attirer les meilleurs candidats. Ces revendications ne sont pas à prendre à la légère, au vu des retombées qu’elles apportent à la Suisse et à Genève en particulier. La dernière étude sur le sujet, émanant de la Fondation pour Genève et datant de mars 2024, rappelle à quel point la présence de ces acteurs est vitale pour la prospérité de la région en termes d’emplois, de fiscalité, de commerce et de rayonnement. «La gratuité des transports publics décidée par le Grand Conseil pour les jeunes a été rendue possible par un excédent record de 1,4 milliard de francs des comptes 2023», souligne Catherine Noël. «Voilà bien une preuve concrète que la présence des multinationales concerne l’ensemble de la population», une large partie de ces recettes étant le fait des entreprises multinationales.
A l’heure où les diplomates suisses négocient les accords sectoriels avec l’UE, le GEM fait passer un message clair. «C’est une épée de Damoclès suspendue au-dessus de nos têtes. Ces dernières années, les conditions-cadre se sont détériorées et deviennent de moins en moins stables, tandis que nos efforts pour rester compétitifs se heurtent à des contraintes administratives toujours plus complexes et lourdes. Cela pourrait s’avérer décourageant. Si les négociations ne devaient pas aboutir, le risque de voir certaines multinationales se délocaliser est non négligeable», conclut Catherine Noël.
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