Les musiciens de l’OSR mis en boîte

Plusieurs micros et caméras ont saisi les musiciens sous tous les angles.
Plusieurs micros et caméras ont saisi les musiciens sous tous les angles.
Flavia Giovannelli
Publié vendredi 02 février 2024
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#Hologramme Un concert, testé à artgenève, fait appel à une technologie révolutionnaire.

Sur les scènes de concert du monde entier, les hologrammes font désormais partie intégrante des performances. En ce début d’année, on a évoqué le retour d’Elvis sur scène, cinquante ans après sa mort, grâce à un hologramme. Il semble que ce type d’innovation soit amené à se généraliser dans un futur proche.

La capture de septante-trois musiciens de l’Orchestre de la Suisse romande (OSR) en hologramme est cependant une prouesse inédite. Steve Roger, directeur de l’OSR, plaisante à ce sujet: «Nous n’avons pas d’unité de recherche et développement à l’OSR. En revanche, nous avons toujours été en quête de nouveaux procédés de diffusion», résume-t-il.

Depuis plus d’un siècle, cet orchestre symphonique, créé par Ernest Ansermet, a toujours fait preuve d’audace. En 1974, le chef d’orchestre et fondateur a ainsi décidé d’enregistrer le premier concert en stéréophonie, une avancée spectaculaire à l’époque.

Au début des années 2000, l’OSR récidive, avec une première diffusion en streaming, en partenariat avec la RTS. De la phonographie à la numérisation, de la cassette au MP3 en passant par les cédéroms, la diffusion de la musique a toujours épousé le progrès technologique, modifiant les habitudes et les perspectives des auditeurs et autres mélomanes.

Pionnier

Aujourd’hui, l’OSR continue d’être un pionnier, grâce à une innovation impressionnante développée par Cybel’Art, à Morges. «J’ai assisté à une représentation de Maria Callas sous forme d’hologramme, qui m’avait impressionné. Peu après, j’ai découvert dans la presse qu’une agence de Morges, spécialiste de la réalité augmentée, était capable de faire un travail très intéressant. Restait à savoir s’il était possible d’intégrer tous les musiciens de l’OSR sous forme d’hologramme», explique Steve Roger.

En septembre dernier, le Théâtre de Beaulieu, à Lausanne, a accueilli le tournage de l’orchestre en train de jouer, avec plusieurs micros et caméras capables de saisir les musiciens sous tous les angles. L’équipe de Cybel’Art a ensuite traité les données pour créer un modèle tridimensionnel de l’orchestre. Le résultat a été converti en hologramme. La projection holographique se fait grâce à un laser projetant la lumière de manière à donner l’illusion d’une présence physique. Présentée en exclusivité lors de la manifestation artgenève, ce concert de l’OSR ne rejette pas la tradition: l’air de Carmen, de Bizet, se mêle à la modernité. Dans une petite salle, la qualité du son impressionne. La vision de ces avatars numériques ne devrait toutefois pas mettre les véritables artistes au chômage, tant l’expérience s’avère différente. Cette technologie est surtout prometteuse pour amener la musique dans des lieux qui ne seraient pas propices à l’accueil d’un orchestre ou à des fins d’enseignement, grâce aux gros plans sur la gestuelle des musiciens. La performance intrigue d’ailleurs les milieux culturels internationaux, conscients que les développements scénographiques sont exponentiels. S’il ne dévoile ni les montants, ni les secrets de fabrication de ce projet, Steve Roger insiste sur la complexité de sa réalisation, qui soulève son enthousiasme.

En grande partie financé par les subventions de la Ville et du canton, l’OSR a pour vocation de faire rayonner la musique symphonique, en proposant une large palette d’activités. «Ce projet-ci n’a pas pour but de remplacer la présence d’un orchestre, mais bien d’aller au-devant d’un public qui serait empêché de venir, pour toutes sortes de raisons. Avec l’utilisation d’un casque et une technologie qui ne cesse de progresser, cette nouvelle manière de diffuser la musique offre des perspectives infinies», conclut le directeur.

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