Métaux: l’Europe fait ses poubelles

Maurice Satineau
Publié mercredi 03 décembre 2025
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#Déchets L’Union européenne a repéré un million de tonnes de matériaux critiques qui partent dans la nature chaque année, Suisse comprise.

L’étude FutuRaM (Future Availability of Secondary Raw Materials) fait partie du programme Horizon et est financée par l’Union européenne (UE). Elle englobe aussi la Suisse, le Royaume-Uni, la Norvège et l’Islande. Les experts y ont traqué toutes sortes d’équipements technologiques, depuis les centres de données d’anciennes générations jusqu’aux machines à laver et aux climatiseurs, en passant par les téléphones. «Nous dépendons de pays tiers pour plus de 90% des matériaux critiques. Recycler est à la fois un impératif environnemental et une stratégie géopolitique», explique Jessika Roswall, commissaire européenne chargé de l’environnement.
Le document paru le 14 octobre indique certains efforts déjà en cours. Deux cent sept mille tonnes d’aluminium, cent soixante-deux mille tonnes de cuivre, mille tonnes de tungstène reviennent sur le marché, ainsi que deux tonnes de palladium. C’est peu, et même dans les filières les plus vertueuses, quelque cent mille tonnes de matériaux sont perdues, «principalement des poudres fluorescentes et des terres rares pour aimants». Les experts établissent une différence entre gérer correctement ces résidus du point de vue des normes (un peu plus de 50% du volume total) et exploiter réellement leur potentiel économique.

Attention la vaisselle

A l’horizon 2050, les spécialistes annoncent quatorze fois plus de panneaux solaires et pratiquement deux fois plus de lave-vaisselle. Ils prennent également en compte la modernisation des équipements militaires et des infrastructures de communication. A au moins vingt-cinq mille dollars le kilo, le palladium recyclé devient une réelle affaire, même en petites quantités.
Un changement qualitatif est observable dans les déchets électriques, avec le gros reflux des lampes traditionnelles au profit du led et la quasi disparition des écrans cathodiques. Néanmoins, la progression du recyclage demeure nettement plus faible que celle de la production.
Ces éléments sont pris en compte dans le Circular Economy Act mis en consultation au mois d’août dernier par l’UE. Dans sa chasse au strontium, à l’antimoine, au cobalt et au manganèse, Bruxelles plaide pour un décloisonnement du marché européen en matière de recyclage. Au mois de novembre, une banque de données sera accessible à tous les décideurs politiques et à tous les industriels. Cette FutuRaM Urban Mine Platform mettra en valeur les réelles potentialités du marché continental. En 2026, il y aura la révision d’une directive pour renforcer l’usage et la traçabilité des matériaux critiques.

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