#Pénurie La Suisse, l’Europe et le monde redoutent une pénurie de médicaments.
Avec, en valeur, environ 47% pour le continent nord américain, 25% pour l’Europe et 10% pour la Chine, le marché des médicaments est en développement régulier au niveau mondial. Il pourrait atteindre près de deux mille milliards de dollars dès 2027. Même en dehors des périodes de pandémie, l’Organisation mondiale de la santé souligne trois facteurs contribuant à ce phénomène: l’augmentation de la population planétaire, un meilleur accès aux soins en fonction de l’amélioration des revenus et le vieillissement de la population, en particulier en Occident. A cela s’ajoutent l’évolution de certaines pathologies. La Fédération internationale du diabète estime que deux cent cinquante millions de personnes supplémentaires seront concernées entre 2021 et 2045. Outre des choix économiques qui relèvent des politiques d’entreprises chez les grandes marques, la pharmacie géante est tributaire des politiques de santé et des choix médicaux.
Luttes incessantes
Tel pays fera pression sur le marché, car il utilise plutôt l’ibuprofène pour soigner les douleurs. Tel autre essaiera de rafler un maximum de paracétamol. Un troisième attirera les fournisseurs d’antibiotiques par sa consommation élevée.
Dans la filière, il ne faut pas confondre la production des principes actifs, très concentrée en Asie, et celle du produit final, un peu plus répartie sur le globe, avec néanmoins des phénomènes de délocalisation industrielle et de concentration.
Enfin, ce secteur est l’objet de luttes incessantes pour la protection de la propriété intellectuelle, les normes concernant les étiquettes, les formules des molécules, les dates de péremption ou les critères environnementaux, sociaux et de gouvernance.
Le juste prix
L’Agence européenne du médicament doit théoriquement assurer la prévention des pénuries chez les Vingt-Sept. Un registre spécial sera mis en place à cet effet en février 2025. Son budget annuel (350 millions d’euros) provient majoritairement des taxes encaissées lors de la mise sur le marché des produits. Jusqu’à présent, Bruxelles avait l’habitude de raisonner en termes d’urgence sanitaire ponctuelle et non en termes de pénuries plus ou moins chroniques. Depuis 2022, seize membres développent un programme industriel commun visant le développement des thérapies géniques, la résistance aux antibiotiques, le soin des maladies peu répandues et le verdissement des outils de production. Dix-neuf Etats européens ont demandé à la Commission de rédiger un Critical Medicines Act garantissant une meilleure indépendance dans la fabrication de remèdes plus ordinaires déjà sur le marché. L’idée d’un prix européen du médicament est cependant loin de faire l’unanimité.
Fait maison
Le médicament n’est pas un bien de consommation comme un autre et il est au cœur des politiques publiques. Faut-il tout relocaliser? Voyons le cas américain Civica Rx. Quelque mille hôpitaux, cliniques et petits laboratoires se sont unis pour produire sur place dans une grande coopérative, quasiment à prix coûtant, des préparations jugées indispensables. Toutefois dans la majorité des cas, les pilules, vaccins et autres sirops font intervenir des dizaines, voire des centaines de composants (deux cent quatre-vingts dans le cas du vaccin anti covid), impliquant des dizaines d’intervenants dans la chaîne de valeurs répartis sur divers pays. Il peut alors surgir un conflit entre l’urgence médicale et la mobilisation des compétences locales.
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