Mettre en œuvre la responsabilité sociale et environnementale

Pierre Cormon
Publié vendredi 18 octobre 2024
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#Bâtiment et logistique Les Assises de la durabilité ont permis de dégager quelques conseils simples, à partir des témoignages de trois entreprises s’étant lancées dans une politique de responsabilité sociale.

Prendre le tournant du développement durable, oui mais comment?

Telle est la question qui a été abordée lors des Assises de la durabilité, le 7 octobre à la FER Genève. L’événement était consacré à deux secteurs – bâtiment et transport/logistique – et organisé conjointement par le Département des associations professionnelles et l’équipe durabilité de la FER Genève.

«La durabilité n’est plus une option, mais une nécessité», a rappelé en préambule Philippe Fleury, directeur général de la FER Genève. De nombreux textes législatifs poussent en ce sens, au niveau suisse comme européen. La Suisse prévoit par exemple de baisser les émissions de CO2 du secteur de la construction de 82% d’ici à 2040 et de 100% d’ici à 2050, celles du secteur des transports de 57% d’ici à 2040 et de 100% d’ici à 2050. Les fournisseurs et les clients sont de plus en plus exigeants en la matière. Les convictions personnelles des dirigeants d’entreprises, enfin, les poussent souvent à agir d’eux-mêmes.

La durabilité porte sur les aspects environnementaux, sociaux et économiques. De nombreuses entreprises font déjà des efforts considérables en ce sens. C’est par exemple le cas de Barro & Cie (manufacture de fenêtres), de Jérome (fournisseur de matériaux de construction) et de Duperrex Frères (logistique), dont des représentants ont témoigné lors des assises.

Quoique très différentes, leurs expériences comportent quelques enseignements généraux.

  • «Ne vous lancez pas seul», conseille Yann Duperrex, directeur commercial de Duperrex Frères. Il faut se faire accompagner dans sa démarche – la FER Genève, notamment, a mis sur pied des services en ce sens (voir fer-ge.ch/services-durabilité).
     
  •  La première étape consiste à s’évaluer et à procéder à un état des lieux, relève Camille Richard, consultante senior auprès de la société BearingPoint (qui offre des services de management et de consultance technologique). Sans savoir où l’on est, il est difficile de savoir où aller. 
     
  • Le champ couvert par la notion de responsabilité sociale des entreprises (RSE) est si vaste qu’il est essentiel de fixer des priorités, afin de mettre sur pied un plan d’action. «Gardez les pieds sur terre, privilégiez les actions qui ont un effet concret», conseille Augusto Balerna, directeur des opérations de Barro & Cie. «Si une mesure coûte trop cher, faites autre chose.»
     
  • Le pragmatisme doit être au centre. Des actions prometteuses sur le papier peuvent s’avérer peu judicieuses en pratique; il ne faut pas hésiter à les abandonner.
     
  • Sans tableau de bord, il est difficile de savoir où aller. Il faut donc mesurer sa consommation d’électricité, de carburant, les absences pour maladie, les investissements, les économies, etc. «On doit s’assurer de la robustesse de ces données», conseille Camille Richard.
     
  • Mettre en place une politique de RSE exige beaucoup de communication, tant à l’interne qu’à l’externe, avec les clients, les fournisseurs, etc. «Trouvez les arguments qui intéressent vos interlocuteurs», précise Augusto Ballena. La rentabilité est généralement un argument clé.
     
  • Des surprises ne sont pas exclues. Ainsi, lorsque Jérome a remplacé ses chariots élévateurs à carburant par des modèles électriques, sa consommation de courant a augmenté et l’a fait entrer dans la catégorie des gros consommateurs. «On nous a informés que nous étions dès lors soumis au plan OSTRAL de la Confédération et qu’en cas de pénurie d’électricité, nous avions l’obligation de réduire notre consommation», raconte Frédéric Plojoux, administrateur de Jérome.
     
  • Les aides financières dont peuvent bénéficier les entreprises sont disparates et généralement indirectes: audits énergétiques à prix réduit, soutien aux projets innovants, exemption de la redevance sur le trafic des poids lourds liée aux prestations pour les camions propulsés par une batterie ou une pile à combustible, etc. La loi sur le climat et l’innovation, qui entrera en vigueur le 1er janvier 2025, prévoit également de nombreuses aides. Il n’existe en revanche pas de subvention directe pour le renouvellement d’une flotte avec des véhicules électriques ou à hydrogène.
     
  • Le travail des entreprises individuelles doit être complété par un travail plus politique, mené par les associations professionnelles et les organisations faîtières de l’économie. Le rythme y est généralement plus lent. «Voilà plus de dix ans que nous nous battons contre l’exportation des gravats», relate Frédéric Plojoux, président de la Fédération Genevoise des Fournisseurs de la Construction. La bataille se poursuit.
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