D’ici à 2050, Genève comptera entre cent trente mille et cent cinquante mille habitants supplémentaires. Dans un canton à l’architecture déjà très dense, avec des réserves foncières quasiment inexistantes et des enjeux de mobilité étouffants, ces prévisions ne font pas rêver. Où loger ces personnes additionnelles, comment les intégrer harmonieusement dans la société, quel impact auront-elles sur les infrastructures?
Autant de questions auxquelles il est difficile de répondre sans aborder des thèmes complexes comme celui de la croissance économique ou de la migration. Car une augmentation de la population, sous nos latitudes où tous les pays européens sont en dénatalité, signifie forcément qu’elle est la conséquence d’une économie florissante qui attire tant les capitaux que les personnes.
C’est donc une bonne nouvelle: à Genève, l’économie se porte bien et ses habitants connaissent un niveau de vie élevé. Des recettes fiscales nombreuses permettent des prestations généreuses à la population.
Tout serait donc pour le mieux? Oui, exceptée la pression sur le territoire qu’entraîne ce dynamisme. Pour y faire face, un aménagement qui passe par la densification urbaine est nécessaire. Ce concept mal aimé, que d’aucuns considèrent comme un épouvantail, a pourtant ses vertus. Densifier, c’est le seul moyen de ne pas empiéter sur la nature et les surfaces d’assolement. Depuis la mise en place de la loi sur l’aménagement du territoire, les cantons et les communes sont soumis à des règles strictes, qui servent notamment à préserver l’environnement et la biodiversité. Densifier peut donner des résultats très positifs, comme à Carouge, l’un des quartiers les plus denses de Suisse et l’un des plus appréciés.
Pour que la densification porte ses fruits, il faut qu’elle soit menée en concertation avec la population et qu’elle comprenne un mélange de logements, d’emplois, de commerces et de restaurants, d’écoles, de crèches, d’accès aux soins et de loisirs. Les quartiers doivent être bien desservis par les transports publics et laisser de la place à la respiration et aux espaces verts. On voit émerger des concepts comme la ville de 20 minutes (Paris), l’agglomération de 45 minutes (Singapour) ou le quartier de 10 minutes (Bruxelles) - la durée se référant à la distance à parcourir pour atteindre les services essentiels. Toutes tentent de mettre en place un environnement urbain à taille humaine où les déplacements se font à pied ou en transports publics et où la mixité sociale et l’innovation jouent un rôle positif. Genève et la Suisse ne font pas exception à cette densification. L’enjeu principal sera d’y faire adhérer la population. Au vu du nombre de recours et de référendums lancés – et souvent gagnés – contre les projets d’aménagement du territoire, le chemin est encore long. Il est cependant nécessaire de le parcourir pour continuer à vivre dans un territoire où l’on se sent bien!
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