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Parlons de l’effet-frontière

Claude Haegi Publié lundi 27 mai 2024

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La Fondation pour l’Economie et le Développement durable des Régions d’Europe (FEDRE) créée à Genève en 1996 avec l’aide du Conseil de l’Europe a entamé, en partenariat avec le Crédit agricole next bank, une étude spécifique des relations transfrontalières tout autour de la Suisse en essayant de cerner ce qu’elle appelle «l’effet-frontière». Elle aborde tous les sujets, même les moins médiatisés, pour essayer de dresser un panorama complet. L’idée de ce projet a émergé l’année dernière, lors d’un colloque organisé à l’occasion du 50ème anniversaire de l’accord de rétrocession fiscale entre Genève et la France. À l’origine, il s’agissait de mener un audit de ces relations, mais en concertation avec le Crédit agricole, nous avons jugé utile de couvrir l’ensemble du pourtour de la Suisse afin d’offrir des points de comparaison qui sont trop rarement mis à profit. Les sujets traités sont l’aide alimentaire, l’inquiétante montée de la pauvreté en région frontalière, la santé, l’eau et le Léman, la culture, le paiement des allocations chômage des frontaliers. Seront prochainement étudiés, notamment, l’environnement, la mobilité, la recherche, les entreprises, les prix, l’immobilier et le logement, l’aménagement du territoire, la formation, les ressources. Il ne faut pas craindre d’affronter certains sujets délicats dont on ne parle pas assez. A Bâle, à Genève et dans l’Arc jurassien, la coopération transfrontalière a certes fait des progrès incontestables. Mais certaines réussites peuvent engendrer de nouveaux problèmes non anticipés. La FEDRE a mis un coup de projecteur sur l’augmentation de la pauvreté dans la région genevoise et à Genève même, alertée par la Fondation Partage et la Banque alimentaire de Haute-Savoie: quinze mille personnes dans le canton et vingt-cinq mille en Haute-Savoie, soit une proportion d’environ un habitant sur trente-cinq, dépendent de l’aide alimentaire. Les trois communautés de communes françaises autour de Genève sont, selon les statistiques officielles, devenues les plus inégalitaires de toute la France métropolitaine et de l’outre-mer! C’est une bombe sociale à nos portes. De même, dans le domaine de la santé, la situation est devenue intenable: des soins ne sont plus donnés en France voisine faute de personnel, tandis qu’à Genève les HUG ont 50% de personnel frontalier, voire davantage dans le secteur privé. Qu’arrivera-t-il si la frontière doit fermer, comme cela a failli se produire lors de la pandémie? Il est nécessaire d’opérer des rééquilibrages en profondeur. Il ne faut pas se limiter à un seul territoire comme le Grand Genève, mais faire jouer la géométrie variable selon les problèmes à résoudre. Il faut ouvrir une nouvelle page des relations transfrontalières afin qu’elles bénéficient au plus grand nombre de personnes sans nuire au dynamisme économique qui est l’atout de la région. Tout cela réclamera beaucoup d’engagement de part et d’autre dans la recherche de solutions innovantes. Mais cela en vaut la peine.

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