#Forêt Changement climatique oblige, la gestion forestière demande des adaptations. Un débat à l’Université de Neuchâtel a fait le point.
On le voit depuis quelques jours: les feuilles des arbres brunissent et tombent prématurément. Un signe que le changement climatique se fait sentir. Bien en phase avec l’actualité, comme elle l’est avec ses Cafés scientifiques, l’Université de Neuchâtel a organisé un débat public consacré aux mesures à prendre pour faire face au réchauffement du climat. Faut-il accroître l’intervention humaine dans l’écosystème ou laisser ce dernier évoluer naturellement? Telle était la principale question à laquelle quatre experts et expertes ont tenté de répondre. Un constat rassurant pour débuter. Les intervenants ont été presque unanimes à reconnaître que les forêts helvétiques se portent relativement bien. Résultat d’une législation stricte qui maintient les surfaces boisées et d’une gestion qui privilégie la régénération naturelle. «La forêt est très bien protégée», a affirmé Jan Boni, le chef du Service des forêts de la ville de Neuchâtel. Seule la directrice romande de Pro Natura, Sarah Pearson Perret, s’est montrée plus mitigée, rappelant que son institution doit se battre pour que 10% au moins de la forêt soient laissés à la nature afin de garantir la biodiversité.
La forêt jardinée
Certes, le projet du biologiste français Francis Hallé de récréer en Europe de la forêt primaire – où il n’y a pas d’intervention humaine – peut séduire. Toutefois, la forêt a diverses fonctions à remplir: production de bois, protection contre les dangers naturels, sauvegarde de la biodiversité, zone de détente pour la population. Chercheur en écologie forestière, Yann Vitasse croit au modèle de forêt jardinée tel qu’il est pratiqué en Suisse. Proche de la nature, mais entretenue, ce type de forêt remplit «l’ensemble des prestations» qui lui sont dévolues, a-t-il dit. Planter de nouvelles essences d’arbres qui résistent mieux au changement climatique est faisable, mais il doit se faire «avec parcimonie», comme l’a souligné Jan Boni.
A l’instar des autres intervenants, Clara Zemp, directrice du laboratoire de biologie de la conservation à l’Université de Neuchâtel, a relevé l’importance des interactions entre écosystèmes, évoquant la pollinisation et la dispersion des graines. Des changements trop radicaux du milieu forestier peuvent les mettre en danger. L’expérience a montré que l’idée répandue par le passé d’avoir une «forêt propre» n’est plus de mise. «Les maladies se trouvent sur les arbres vivants», a dit Jan Boni. Conséquence: on laisse le bois mort. Tout comme on s’accommode désormais d’arbres dont l’apparence n’est pas belle. Ils ont une meilleure vitalité et résistent mieux aux changements climatiques.
La forêt suisse connaît une période de répit relatif, mais les problèmes qui l’assaillent sont sérieux. Souffrant de la sécheresse, les hêtres dépérissent en Ajoie. Dans la région bâloise, les arbres sont à la peine. L’épicéa en plaine? Yann Vitasse «n’a pas trop d’espoir pour son avenir». Malgré ses bienfaits, la régénération naturelle a ses limites, ce qui rend les interventions humaines inévitables. Mais lesquelles? Pour le chercheur en écologie forestière, il est difficile, vu la longueur temporelle des tests (trente ans environ), de dire par quelles essences il faut remplacer celles qui disparaissent.
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