Profession libérale au féminin: trajectoires compliquées

Le choix d’une profession libérale exigeante, pour les femmes, implique des sacrifices spécifiques à leur genre.
Le choix d’une profession libérale exigeante, pour les femmes, implique des sacrifices spécifiques à leur genre.
Flavia Giovannelli
Publié jeudi 09 novembre 2023
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#Carrière Le poids des contraintes privées et professionnelles modère les ambitions des femmes.

Aujourd’hui, en Suisse, les titulaires d’un diplôme universitaire sont pour près de la moitié des femmes. Ces dernières années, il est même apparu un dynamisme supérieur au sein de la population féminine, comme l’atteste une étude commandée par l’Union suisse des professions libérales (USPL), publiée fin 2021. Dès lors, il semble logique de présumer qu’elles nourrissent au moins autant d’attentes et de rêves de carrière que les hommes. Pourtant, quelques années plus tard, celles qui réussissent à exercer une profession libérale ont un taux d’occupation bien plus faible que leurs collègues masculins. Cette première réalité chiffrée traduit les obstacles nombreux et insidieux qui se dressent tout au long de leur parcours.

Pour comprendre comment ces forces s’évaporent, il faut d’abord définir ce qu’on entend par «professions libérales». Une déclaration du Conseil fédéral datant de 2004 tente une définition, qu’il faut comprendre de manière souple: la situation évolue selon les époques.

En résumé, ces métiers s’exercent en toute indépendance, sous sa propre responsabilité et à titre personnel. La motivation initiale n’est pas d’ordre pécuniaire, mais traduit avant tout la volonté d’un accomplissement individuel. La personne exerçant une profession libérale perçoit des «honoraires», des indemnités ou les émoluments d’une taxe et non un salaire. Au-delà de la théorie, la pratique montre que la proportion de femmes exerçant une profession libérale est élevée dans les domaines de la médecine et de la santé. Suivent les professions juridiques, en forte augmentation ces dernières années. Ces métiers ont leurs contraintes, qu’elles soient écrites ou qu’elles relèvent des usages. Elles pèsent sur les femmes. En premier lieu, il y a la question des horaires et des imprévus. Cela affecte particulièrement celles qui ont des responsabilités familiales. Mettre en place une infrastructure aidante ou compter sur un partenaire ou un entourage participatif continue à s’avérer lourd. Les femmes doivent continuer à exiger ce soutien, alors que pour les hommes, le support est acquis. Il leur a longtemps suffi de prévenir qu’ils rentreraient tard le soir, pour que l’intendance suive.

Si les nouvelles générations font bouger le curseur, l’évolution reste lente, surtout dans les milieux à hégémonie masculine. Les femmes qui y évoluent ont tendance à se surinvestir. Par nature, ces métiers sont dotés d’un caractère accaparant, physique et impliquent le goût pour l’action immédiate, la prise de décision rapide, l’aptitude au commandement, la combativité, l’endurance physique. Les femmes qui les choisissent font constamment l’effort d’apporter la preuve qu’elles sont capables d’assumer de lourdes charges.

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