Flavia Giovannelli Journaliste Publié vendredi 21 octobre 2022
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Le talent: voilà bien un mot utilisé à tort et à travers! Pas un jour ne passe sans que les spécialistes de ressources humaines ne l’emploient, comme s’ils parlaient de la quête du Graal.
Il faut avouer que, face à la pénurie de certains métiers qui commence à se manifester, il va en falloir, du talent, pour attirer ces fameux talents!
Etymologiquement,
le talent était à l’origine d’une sorte de balance utilisée pour peser des quantités d’or ou d’argent dans la Grèce antique. Comme le rappelle le Littré, le terme bascule ensuite vers le sens figuré dans la parabole des talents de l’évangile de Saint-Mathieu. Un maître part en voyage et confie à ses serviteurs cinq, deux et un talent d’or selon leur degré de responsabilité. Au bout de quelques mois, le maître revient et demande à chacun ce qu’il a fait de son argent. Le premier lui répond: «J’ai investi et j’ai gagné le double, je vous rapporte dix talents!» Le second a également doublé la mise et obtenu quatre talents. En revanche, celui qui n’avait reçu qu’un seul talent a préféré enfouir le lingot, de peur d’échouer et de se faire réprimander. Mal lui en a pris, puisque les deux premiers serviteurs sont félicités et récompensés, tandis que le troisième est renvoyé.
Ce récit,
même s’il faut l’adapter à notre époque, illustre la nécessité d’être proactif. C’est une grave erreur que de nous comporter comme si nous laissions une terre en friche, par crainte de mal l’exploiter. C’est en tout cas pire que de prendre un pari sensé. Car le talent n’est rien, ne sert à rien, s’il n’est pas poli, travaillé et perfectionné. Qu’il s’agisse d’un don particulier à faire quelque chose, de capacité artistique, sportive et même managériale, il est trop facile d’éviter ses responsabilités sous prétexte que les qualités rares sont par nature mal réparties. De plus, il faut savoir que l’éclosion de belles qualités dépend d’une multitude de facteurs, qui mettent en jeu non seulement une identité biologique - l’inné - mais aussi un environnement favorable et, surtout, de la persévérance. Donnons-nous ainsi une chance de le découvrir et ne confondons pas le talent, notion parfois floue, avec celle de compétence acquise.
Une personne
ne doit pas uniquement être définie par ses qualifications, ses diplômes ou son autonomie. Elle doit l’être davantage par les qualités qu’elle pourrait développer si la vie ou l’entreprise lui en donnent l’opportunité. Pour briller d’une quelconque manière, il faut, bien sûr, compter sur une interaction de multiples facteurs. Mais apprendre à faire fructifier ce potentiel est la meilleure manière de se réinventer dans un monde qui change.
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