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Quelles solutions pour remédier à la pénurie de personnel?

Nadine Gobet Publié jeudi 11 avril 2024

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Le défi est de taille pour l’économie suisse avec, depuis 2020, un nombre de travailleurs partant à la retraite qui dépasse le nombre de personnes entrant sur le marché du travail. La reprise économique après la crise du covid-19, couplée au vieillissement de la population, met les entreprises à rude épreuve en matière de recrutement de personnel. Il existe toutefois des solutions, notamment une meilleure intégration de la main-d’œuvre indigène. Cela commence par inciter les personnes en âge de travailler à intégrer le marché de l’emploi ou à augmenter leur taux d’activité. Prenons par exemple les femmes ayant des enfants. Comme le révèle un rapport d’Ecoplan de 2023, un tiers des femmes actives sur le marché du travail augmenterait son taux de travail si les structures d’accueil extrafamilial avaient un coût plus abordable. Quant aux femmes qui n’exercent pas d’activité lucrative, elles sont presque la moitié à mettre en avant le manque d’emplois offrant des conditions de travail favorables à la famille. On pourrait envisager, à terme, de revoir le montant de déduction des frais de garde par des tiers ou considérer ces frais comme des dépenses professionnelles sur le plan fiscal. Il faut également encourager les seniors qui le souhaitent à rester plus longtemps sur le marché du travail, par exemple à temps partiel, tout en percevant une partie de leur rente, ce qui est nouvellement possible avec l’entrée en vigueur de la réforme AVS 21 au 1er janvier 2024. La flexibilisation de la retraite doit permettre d’apporter des réponses individuelles, car chaque cas est différent. Il faut trouver une solution dans une perspective gagnant-gagnant entre l’employeur et le salarié. Il faut que les entreprises soient rendues attentives aux possibilités qui s’offrent à elles et qu’elles les intègrent dans la gestion de leur personnel. Parallèlement, on constate des incitations négatives à l’emploi en cas d’augmentation de revenu, comme la hausse d’impôts des couples mariés, ce qui n’encourage pas l’un ou l’autre des époux à reprendre ou à augmenter son activité professionnelle. L’imposition individuelle, dont le message a été adopté par le Conseil fédéral le 21 février 2024, pourrait être un élément de réponse, tout comme l’introduction d’une déduction fiscale pour les personnes qui augmenteraient leur taux d’activité, qui fait l’objet d’une motion déposée au Conseil des Etats. On peut citer d’autres pistes d’action, comme la digitalisation, qui doit permettre un gain de productivité, et la formation, qui doit être plus adaptée aux besoins des entreprises. La formation continue, afin de garantir l’employabilité du personnel, ou les mesures de reconversion professionnelle doivent être davantage promues et soutenues. Aujourd’hui, on ne choisit plus un métier pour la vie et de nombreuses professions sont appelées à disparaître, alors que d’autres apparaîtront, d’où la nécessité de pouvoir s’adapter à l’évolution. En Suisse, le renouvellement de génération nécessiterait un taux de natalité de 2,1 enfants, alors qu’il est actuellement de 1,4 enfant. Il semble dès lors évident qu’une meilleure intégration de la main-d’œuvre indigène doit être complétée par une immigration ciblée en provenance des pays de l’Union européenne ainsi que des Etats tiers. Pour cela, la Suisse doit notamment retrouver au plus vite des relations stabilisées et durables avec l’Union européenne.