Caisses de pension et investissements durables

Investir dans le développement durable, soit dans ses trois axes – économique, environnemental et social - est de plus en plus évident pour les caisses de pension.
Investir dans le développement durable, soit dans ses trois axes – économique, environnemental et social - est de plus en plus évident pour les caisses de pension.
Maurice Satineau
Publié vendredi 21 janvier 2022
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#Investissements En matière de durabilité, les bonnes intentions ne sont pas toujours faciles à concrétiser pour les caisses de pension helvétiques.

La part des caisses de pension suisses investissant de manière durable plus de 60% de leurs actifs gérés est passée de 10,8% en 2018 à 28% fin 2021. On pourrait atteindre une part de 50% vers 2024-2025. La loi suisse n’oblige en rien les caisses à tenir un portefeuille vert. «Mais de nombreux facteurs tels que la réputation, le risque, l’anticipation de futures normes peuvent pousser les caisses vers ce type de placement», indique Credit Suisse dans un document publié fin 2021.

Du point de vue technique, il subsiste un problème au niveau des indicateurs et des labels qui ne sont pas tous fiables. L’investisseur doit alors procéder à une analyse minutieuse de son allocation d’actifs. Parmi les nonante-trois établissements sous revue, on remarque un appétit certain pour les actions. Les rapports ESG (environnement, société, gouvernance) des entreprises vont jouer un rôle considérable en Suisse ou à l’étranger. Là encore, la lecture ne peut être que prudente, puisque les législations varient d’une nation à l’autre.

Manière de voir 

La notion de rendement est compliquée. D’une part, on sent un engagement dans l’élan collectif environnemental: c’est l’aspect politique de la démarche. D’autre part, une grande incertitude subsiste pour définir techniquement le rendement de ce type d’actifs. Certains surperforment les placements classiques, d’autres pas. «Dans les placements effectués sur les marchés émergents, les critères ESG sont encore nettement sous-représentés, mais ils servent souvent à réduire les risques et ils peuvent permettre de générer un potentiel de rendement supplémentaire.» Simultanément, les experts font de savants calculs pour savoir si «une entreprise affiche une bonne performance grâce à son orientation ESG ou si c’est en raison de ses bonnes performances qu’elle peut développer son orientation ESG».

Il est certain que l’économie sera particulièrement attentive à l’évolution de la législation suisse, après le rejet de la loi CO2 par le peuple et les résultats de la récente COP26. L’étude publiée esquisse en filigrane une chaîne des intentions: les caisses ne doivent pas faire semblant de se verdir et les actifs qu’elles convoitent ne doivent pas faire semblant d’être verts.

L’immobilier est un segment à part dans les portefeuilles. Outre les immeubles helvétiques bardés du label Minergie, le S de ESG prend de plus en plus d’importance pour les gestionnaires: la mixité sociale, l’accès à la mobilité, voire le niveau des loyers deviennent des facteurs qu’ils prennent en considération.

Façon de compter

La façon d’aborder le dossier peut être très froide: «Des scores ESG élevés sont associés à des dividendes également plus élevés. On constate en outre qu’ils sont négativement liés au cours et à la volatilité des actions, et ce de manière stable sur une longue période. L’intégration de ces scores permet tout particulièrement de réduire la probabilité que des risques extrêmes ne se forment».

Il y a une méthode plus humaine mais tout aussi complexe. Une caisse de pension doit assurer une retraite décente à une personne qui vivra plus longtemps dans un environnement si possible plus propre. La boucle est ainsi bouclée entre une espérance de vie saine et l’épargne obligatoire. 

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