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Qui sont les retraités précaires?

Véronique Kämpfen Publié jeudi 01 février 2024

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Douze pour cent des retraités en Suisse sont au bénéfice de prestations complémentaires. Les cotisations de prévoyance vieillesse cumulées pendant leur vie active ne suffisent donc pas à leur assurer un revenu correct à la retraite. Le 3 mars, nous voterons sur une treizième rente AVS qui, pour ses défenseurs, permettra aux retraités de mieux nouer les deux bouts, alors que ses opposants la jugent inadaptée pour aider les personnes dans le besoin. Elle coûte cher – 5 milliards de francs par année – et profite à tout le monde, même aux 88% de retraités qui, a priori, n’en ont pas besoin.

Dans le débat autour de cette initiative, une question est peu abordée: quel est le profil des retraités dans la précarité? Selon Pro Senectute, le facteur de risque principal est un niveau de formation bas, suivi du fait de ne pas être citoyen suisse. Le divorce ou le veuvage sont aussi des facteurs de paupérisation. Ces chiffres sont intéressants, parce qu’ils rejoignent ceux de l’aide sociale et du chômage. Dans le cadre de ces prestations, le niveau de formation joue un rôle central dès le plus jeune âge. Ainsi, 14% des bénéficiaires de l’aide sociale à Genève ont entre 18 et 25 ans. Soixante-neuf pour cent d’entre eux n’ont pas de formation qualifiante. Un autre facteur de risque à la retraite est le temps partiel pendant la vie active.

Dans le premier pilier, il faut avoir cotisé pendant 44 ans avec un revenu annuel moyen de 88 200 francs pour pouvoir prétendre à la rente pleine. Dans le deuxième pilier, basé sur les cotisations individuelles, on sait qu’un taux d’activité de moins de 70% aura des répercussions négatives sur le niveau de vie à l’âge de la retraite. Le niveau de revenus et la situation personnelle ont aussi une influence. Personne n’est à l’abri d’une période de chômage, d’un divorce ou d’une maladie de longue durée. Être formé est la meilleure protection contre la pauvreté à tout âge. Agir pendant sa vie active pour préparer sa retraite est indispensable pour se prémunir de mauvaises surprises après 65 ans. Si malgré tout on a besoin d’aide à la retraite, il ne faut pas hésiter à demander des prestations complémentaires.

La campagne sur la treizième rente AVS aura au moins eu ce mérite: mettre en lumière les prestations complémentaires et inciter les retraités à les demander lorsque c’est nécessaire. Elles sont plus adaptées et durables qu’une treizième rente qui enfoncera les comptes de l’AVS dans le rouge, mettant ainsi en péril le système de retraite pour les générations futures.

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