Reitzel: la recette d’un succès made in Switzerland
Flavia Giovannelli
Publié mercredi 10 avril 2024
Lien copié
#Transmission L'entreprise familiale Reitzel SA est un modèle de réussite de passage de flambeau.
Fondée à Aigle en 1909, Reitzel est une entreprise familiale, reine du cornichon suisse, caractérisée par sa résilience. C’est Hugo Reitzel, natif du Bade- Wurtemberg, qui s’est initialement lancé dans le commerce de denrées exotiques, puis de la moutarde. Pour s’adapter au marché, il s’est spécialisé, avant la Deuxième Guerre mondiale, dans les préparations au vinaigre. Il a remis l’entreprise à ses deux fils, qui se sont concentrés sur le cornichon cultivé dans la région.
Face aux difficultés à s’imposer dans ce domaine, ils se sont rapprochés d’une famille de concurrents, les Poupons, pour leur proposer d’entrer dans la société. L’accord signé en 1976 prévoit que Joseph Poupon devienne administrateur-délégué de Reitzel, mission qu’il a menée pendant dix ans depuis Paris. Les deux familles assurent ainsi depuis un demi-siècle une indépendance fièrement défendue contre les géants de l’agroalimentaire.
En 1986, Bernard Poupon, 32 ans, reprend les rênes de l’entreprise. Un défi qui le passionne. Il quitte Paris pour la Riviera vaudoise. Une décision qu’il n’a jamais regrettée, reconnaissant la chance d’avoir eu le champ libre après le retrait définitif de son père, au moment de sa prise de fonction. «A cette époque, nous étions étroitement liés à Migros et la nécessité de nous diversifier s’est imposée», explique Bernard Poupon, qui lance de nouvelles marques de distributeurs et développe des produits destinés aux professionnels de la restauration. Reitzel prend aussi une dimension internationale, avec une filiale en Inde et des partenariats européens.
Désormais, l’entreprise vit une nouvelle phase de transmission, avec la nomination récente d’Olivier Camille, le neveu de Bernard Poupon, au poste de CEO. Ce dernier avoue avoir pris conscience qu’il lui faudra se départir de l’entreprise. Il n’est pas inquiet pour la suite, sachant que son neveu a une solide expérience dans l’industrie agroalimentaire, après avoir suivi une formation à l’Ecole hôtelière de Lausanne. La méthode de reprise s’est avérée originale, comme le raconte Olivier Camille: «Nous nous étions mis d’accord pour fonctionner par objectifs, tout en conservant la possibilité de nous séparer à l’amiable tous les trois ans», raconte Olivier Camille. Tout s’étant bien passé, les fonctions et le calendrier sont clairs. Bernard Poupon se limite à son rôle de président du conseil d’administration et compte se retirer complètement d’ici à trois ans. Parmi les nouvelles priorités, Olivier Camille a fait le choix d’un engagement social et environnemental fort. En 2017, l’entreprise a lancé une gamme de cornichons et d’oignons nommée Hugo, en hommage au fondateur, produits entièrement en Suisse pour le marché local. Parallèlement, l’entreprise compte atteindre la neutralité carbone d’ici à 2030. «L’important, c’est que Reitzel soit restée une entreprise à dimension humaine, avec de fortes valeurs, et que les deux familles en demeurent le noyau dur même après une telle évolution», conclut Bernard Poupon. Autre motif de satisfaction pour la nouvelle direction: la fidélité des employés, dont le taux de rotation est très bas depuis des décennies.
En autorisant les services tiers, vous acceptez le dépôt et la lecture de cookies et l'utilisation de technologies de suivi nécessaires à leur bon fonctionnement. Voir notre politique de confidentialité.