#Economie suisse Le deuxième semestre verra l’aboutissement des efforts. Avec une navigation très prudente pour la gestion opérationnelle comme pour les prévisions conjoncturelles.
L’effet rebond de l’après-covid semble avoir désormais perdu beaucoup de sa vigueur. Au niveau planétaire, l’inflation, les resserrements monétaires et les mesures protectionnistes sont autant de facteurs qui se font sentir sur le commerce mondial. «Le manque de tonus de nos principaux partenaires commerciaux péjore la croissance suisse qui devrait rester faible, autour de 1% en 2023», indiquait la Banque cantonale vaudoise le 17 août. «La bonne tenue de l’emploi contribuera à soutenir la consommation interne.» Dans le cas vaudois, la poussée des taux ne fait que ralentir la progression des hypothèques, dont le volume est encore monté de 1% pour les particuliers au premier semestre. L’épargne et les dépôts sont attirés par une meilleure rémunération, avec un afflux gagnant 3%.
Sur la scène internationale, les difficultés enregistrées sur les chaînes de valeur se sont en partie réduites. Pour l’Union européenne, la croissance sera très faible dans l’année à venir. A Paris, l’économiste Patrick Arthus n’hésite pas à évoquer un «arbitrage entre le niveau de chômage et le niveau d’inflation». La Suisse réussit la prouesse d’avoir d’assez bons résultats sur les deux plans. Aux Etats-Unis, une importante réunion de politique monétaire est prévue à la mi-septembre pour savoir si la banque fédérale américaine commence à inverser sa courbe de taux d’intérêt.
Les débats
Outre-Atlantique, dans l’Union européenne et en Suisse, le même débat se fait entendre. Les entreprises auraient-elles tendance à gonfler leurs marges en ces temps difficiles? Selon la formule choisie, les résultats des calculs donnent des couleurs diverses aux arguments. Ainsi, se fonder sur la marge unitaire, c'est-à-dire sur chaque unité de valeur ajoutée produite, n’est pas la même chose que de se référer au taux de marge, qui concerne notamment le prix rapporté au coût salarial unitaire. Il suffit que la valeur ajoutée augmente exactement comme le coût salarial unitaire pour que le taux de marge ne bouge pas. Dans ce cas, le mécanisme n’alimente pas l’inflation. Ayant du mal à se résorber dans des économies très diverses, la hausse des prix est largement tributaire de fondamentaux telles que l’énergie et les matières premières, des factures qui se font sentir sur les consommateurs comme sur les entreprises.
La sérénité sur le proche avenir passe par la stabilité de la sphère bancaire helvétique. «La solution a fonctionné et nous en sommes satisfaits, il est important que les marchés soient rassuré », indique le patron de la Banque cantonale vaudoise. Lors de la récente Global Official Institutions Conference, un représentant de la Banque centrale européenne a eu des mots un peu fermes: «Pourquoi Crédit Suisse a-t-il échoué malgré le respect des exigences de Bâle III? La réponse est claire: une bonne réglementation est nécessaire, elle n’est jamais suffisante. Un code de la route, la régulation, fût-il le meilleur du monde, ne sera efficace qu’avec une police de la circulation efficace - le superviseur», s’est exclamé le gouverneur de la banque de France François Villeroy de Galhau. A Francfort, on continue aussi de s’étonner que seulement une bonne douzaine de banques américaines suivent les règles dites de Bâle III, alors que tous les établissements européens y sont assujettis.
L’attente
L’année 2024 devrait être l’année du vrai recul de l’inflation, d’une possible reprise dans les échanges mondiaux, avec des circuits financiers plus apaisés. C’est l’équation théorique dans laquelle l’inconnue de la géopolitique pèse encore lourd. A ce jour, personne ne sait encore quand la guerre en Ukraine prendra fin. Ce n’est pas uniquement une question importante pour le trading de céréales et d’aciers dans la région lémanique, bien que ce secteur d’activité n’y soit pas négligeable. Lorsque les experts envisagent des prix de l’énergie qui «se normalisent», il faut souvent comprendre qu’ils resteront à un prix élevé durant quelques années, sans trop grimper davantage. L’absorption des chocs ne signifie pas un retour à la vie économique d’avant. Les yeux des spécialistes sont désormais rivés sur l’hiver 2023-2024, avec de possibles aléas sur l’approvisionnement en énergie selon la météo et les tensions sur un marché encore très fragile. Il en est de même pour les matières premières, d’où l’intérêt d’ausculter la conjoncture de semestre en semestre, voire même tous les trois mois.
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