Réorientation professionnelle: quel accompagnement?
Steven Kakon
Publié mercredi 03 avril 2024
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#Profession Un projet de mobilité professionnelle peut être accompagné pour en dresser les contours et mener une réflexion sur sa faisabilité.
Les trajectoires professionnelles tendent à se diversifier. Selon l’Office fédéral de la statistique, 19,4% des personnes qui exerçaient une activité professionnelle en Suisse en 2021 ont quitté leur poste de travail en l’espace d’un an. Parmi elles, 12,8% ont changé d’emploi et 6,6% l’ont perdu ou ont quitté le marché du travail.
Licenciement, fin de contrat à durée déterminée, maladie ou accident, conditions de travail insatisfaisantes ou simple envie de changement, les raisons d’une transition professionnelle sont multiples. Une réorientation peut être nécessaire car dictée par une incapacité physiologique ou psychologique à continuer d’exercer son métier. Une réorientation peut aussi «exprimer une quête de sens», explique Manuela Forno, spécialiste en orientation professionnelle à Crossroads Genève.
Nouveau souffle
Derrière de nombreux désirs de mobilité se trouve la recherche d’un nouveau souffle. Le Centre de Bilan Genève (CEBIG), qui a fêté ses trente ans cette année, accompagne les personnes qui décident de s’engager dans une réflexion à un moment de leur parcours. «La majorité d’entre elles émettent le souhait d’une réflexion sur leur évolution de carrière, ne sachant pas encore s’il s’agira de réaliser des ajustements ou une réorientation complète», explique Roseline Cisier, directrice du CEBIG. Concrètement, il s’agit de mettre en corrélation les exigences de la situation actuelle de la personne avec celles liées à la transition pour évaluer la faisabilité du projet. Le client arrive avec des souhaits, qu’une réflexion plus poussée peut faire évoluer ou naître. L’objectif est d’éclaircir les raisons pour lesquelles la personne aspire à un changement. Il s’agit d’«identifier les déclencheurs du début du questionnement», précise Manuela Forno. La raison peut être personnelle, par exemple lorsque la personne a le sentiment d’avoir «fait le tour» de son activité professionnelle. Il arrive aussi que le travail lui-même soit la source du problème. La manière dont l’entreprise impose le travail ou les évolutions inhérentes à la profession jouent souvent un rôle de catalyseur. Exemple: «En pratiquant la gestion des ressources humaines avec l’ambition de s’occuper du personnel, l’employé peut être déçu en raison des nombreuses tâches administratives qui prennent plus de temps. Le travail consiste davantage à implémenter les décisions de la direction, laissant moins d’espace pour écouter les gens», illustre Manuela Forno.
Sur mesure
Une fois l’évaluation des exigences du métier ou de la fonction visée réalisée émergent des questions essentielles: «Est-ce que j’y réponds?», «Que puis-je mettre en œuvre?». Ensuite, il faut s’assurer que le marché de l’emploi est ouvert dans le domaine visé. Le projet doit tendre vers une vision «réaliste et réalisable», souligne Roseline Cisier. Que la démarche soit volontaire ou forcée, elle permet d’ouvrir les champs des possibles d’un ajustement de carrière à une réorientation complète. «Un transfert de compétences vers des secteurs ou des domaines qui font davantage sens pour la personne est le plus souvent prôné, permettant d’exploiter ses compétences, mais la transition peut être plus radicale et mener à une réorientation complète.»
Le CEBIG enregistre une activité ascendante
La disponibilité du candidat, son âge et ses moyens financiers entrent également dans l’analyse. L’âge peut-il représenter un obstacle? Alors que Roseline Cisier considère qu’«il ne faut pas systématiquement lier la possibilité de transition à l’âge», mais le considérer parmi d’autres facteurs, Manuela Forno y voit un frein potentiel: «Une réorientation en tant que salarié est souvent plus difficile avec l’avancée en âge».
La demande en accompagnement provenant tant des particuliers que des entreprises ne faiblit pas, puisque le CEBIG enregistre une activité ascendante avec plus de mille huits cents bilans effectués en 2023, soit une augmentation de 19% par rapport à 2022. Le centre a élargi ses prestations à une plus grande diversité de profils et d’âge. Il offre des suivis selon une modalité individuelle ou sous forme de séminaire. Un premier entretien d’analyse de la demande est systématiquement effectué pour que la personne s’engage en toute connaissance de cause.
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