Résilience et fragilités du marché de l’emploi

Flavia Giovannelli
Publié jeudi 01 février 2024
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#Emploi Le chômage mondial devrait s’établir à 5,2% en 2024.

Lors de la publication de son traditionnel rapport sur l’année écoulée, l’Organisation internationale du travail (OIT) relève que le taux de chômage et le taux de déficit d’emplois (qui correspond au nombre de personnes sans emploi souhaitant en trouver) sont retombés en 2023 en dessous des niveaux d’avant la pandémie. Le chômage mondial est redescendu à 5,1% alors qu’en 2022, il était à 5,3%. L’organisation onusienne avertit que l’année à venir devrait être légèrement moins favorable, avec l’arrivée de deux millions de chômeurs en plus. Ces chiffres cachent une certaine fragilité provenant des différences entre pays à revenus élevés et pays à faibles revenus. Ainsi, le déficit d’emplois est de 8,2% ans pour les premiers, mais bondit à 20,5% en moyenne dans les seconds. Les inégalités de revenus continuent de se creuser, risquant de pénaliser la perspective d’une reprise économique plus soutenue.

Productivité préoccupante

Malgré les progrès technologiques et l'augmentation des investissements, la croissance de la productivité mondiale a ralenti. Si les raisons de ce résultat, décevant, sont complexes, l’OIT l’explique notamment par le fait que de gros investissements se sont portés sur des secteurs comme les services et la construction. Ils sont globalement moins susceptibles de bénéficier de gains de productivité ou peuvent entraîner des coûts supplémentaires imprévus. Les tensions géopolitiques ont aussi entraîné une productivité mondiale moins réjouissante que prévu. La pénurie de compétences et la domination de grands monopoles numériques, qui entravent une adoption plus rapide des technologies, en particulier dans les pays en développement et dans les secteurs où prédominent les entreprises à faible productivité, ont aussi une responsabilité dans cette évolution.

Gilbert F. Houngbo, directeur général de l’OIT, s’en est inquiété: «Il commence à sembler que ces déséquilibres ne sont pas simplement liés à la reprise après la pandémie, mais qu'ils sont structurels». Il a également pointé des problèmes de main-d'œuvre, qu’il voit comme une menace à la fois pour les moyens de subsistance individuels et pour les entreprises. Ainsi, la baisse du niveau de vie et la faiblesse de la productivité, combinées à une inflation persistante créent les conditions d'une plus grande inégalité et sapent les efforts déployés pour parvenir à la justice sociale.

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