Ressources naturelles, Genève creusera la question
Maurice Satineau
Publié jeudi 24 août 2023
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#World Resources Forum Du 4 au 8 septembre, Genève accueillera plus de mille experts, décideurs, entrepreneurs et investisseurs qui parleront métaux et minéraux utilisés sur la planète.
En partenariat avec le Programme des Nations unies pour l’environnement et avec l’Office fédéral de l’environnement, les quelque cent quarante pays représentés au Forum débattront d’une question simple en apparence, mais politiquement et économiquement délicate: comment atteindre la sobriété et l’efficacité dans la chaîne de valeur des minerais et des métaux? Promouvoir une économie circulaire dans ce domaine est un défi. L’Organisation de coopération et de développement économiques annonce déjà que le fer, les terres rares et le cuivre feront l’objet d’une extraction accrue dans les vingt-cinq ans à venir. Globalement, le recyclage serait en modeste progrès en Europe et il stagnerait ou reculerait sur la majeure partie du globe. Dans l’Union européenne, il n’y a guère que le plomb et le cuivre à atteindre 50 % de réutilisation.
Qui détient quoi
Dans sa réflexion, le World Resources Forum intègre les nouvelles tensions géostratégiques qui affectent l’approvisionnement et les utilisations. En réponse aux sanctions technologiques commerciales des Etats-Unis, la Chine applique depuis le 1er août des restrictions à ses exportations de gallium et de germanium, des matières premières très utilisées dans le cadre de la transition environnementale, notamment pour les fibres optiques, les éclairages led et les panneaux solaires. La guerre en Ukraine a pénalisé l’acier et l’aluminium. S’intéresser au cobalt, c’est constater que la république démocratique du Congo est très largement majoritaire dans sa production, tandis que l’économie chinoise est très largement majoritaire dans les achats. Cette donnée est fondamentale, car cette matière est indispensable au fonctionnement des éoliennes et des batteries de véhicules électriques. Concilier la suffisance avec la diversification de l’approvisionnement, le tout dans un contexte d’évolution technologique très rapide, telle est l’équation à résoudre.
L’une des pistes explorées par les spécialistes à Genève sera la numérisation de l’économie circulaire, afin d’ajuster au plus près les flux entre extraction, transformation, fabrication et consommateur final. De nouveaux indicateurs seront affinés, comme l’empreinte matérielle qui fait le lien entre extraction et consommation, ou la productivité de la ressource. Celle-ci établit un rapport arithmétique entre le PIB et le volume de matières premières au sein d’une économie nationale.
Mettre le prix
En innovant dans son effort de décarbonation de ses activités, l’économie consommera davantage de matériaux, ne serait-ce que pour ses nouvelles infrastructures. L’Agence internationale pour l’énergie envisage un bond de 60% de prélèvements dans les gisements de cuivre déjà répertoriés et à peu près autant pour le nickel. Est-ce trop? C’est toute la question, d’autant plus qu’il faut remuer de plus en plus de tonnes de minerai pour trouver le précieux métal, ce qui engendre des coûts environnementaux. Le tout sert de base à des actifs financiers qu’il est impossible de trop malmener dans le court et moyen termes sans déclencher une crise en cascade. La transition environnementale stimulera l’investissement, dont le niveau pourrait avoir des effets inflationnistes – provisoires, mais sensibles. Dans le cas de l’acier, des géants tels qu’ArcelorMittal, SAAB, Salzgitter, Tata Steel Netherlands et Thyssenkrupp Steel se préparent pour la décennie 2030 avec la technologique dite H2-DRI-EAF. Elle assure une chute de 95% des émissions nocives dans les aciéries, sous réserve que l’électricité et l’hydrogène bas carbone soient disponibles en quantité suffisante et à un coût acceptable.
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