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Roumains et Polonais: le grand retour

Mirel Bran Publié lundi 04 novembre 2024

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Cezar, 59 ans, est expert en construction de centrales nucléaires. Il a quitté la Roumanie au début des années 1990 après avoir participé à la mise en place de la première centrale nucléaire du pays utilisant la technologie canadienne CANDU. Installé au Canada, ce jeune passionné de physique et de mathématiques est devenu un spécialiste reconnu de l’énergie nucléaire. Son expertise l’a conduit à construire des centrales au Canada, aux États-Unis, en Grande-Bretagne et en Pologne. Fin 2023, il est revenu dans son pays d’origine pour lancer la construction des premiers petits réacteurs modulaires (PRM) à Doicesti, un petit village du sud de la Roumanie.

Conçus par l’entreprise américaine NuScale, ces réacteurs seront construits en Roumanie avec pour ambition de faire du pays un futur pôle énergétique de l’Union européenne (UE). «C’est une avancée technologique majeure et je suis fier de construire les premiers PRM dans mon pays natal», se réjouit Cezar Georgescu, PDG de RoPower Nuclear.

À l’image de Cezar, de plus en plus de Roumains ayant émigré en Europe de l’Ouest ou en Amérique du Nord reviennent en Roumanie. La plupart d’entre eux met à profit les compétences acquises à l’étranger pour lancer des start-up axées sur les nouvelles technologies. How to Web, une conférence organisée en Roumanie début octobre, a réuni plus de trois mille jeunes entrepreneurs venus du monde entier pour se connecter à l’écosystème technologique de Bucarest. Ce type d'événements se développe rapidement, renforçant l'image de la Roumanie en tant que pôle des nouvelles technologies.

Les communautés tech émergent en Roumanie et en Pologne, deux pays qui se profilent comme les futurs tigres économiques de l’UE. Depuis leur adhésion à l’Union, et grâce à des injections massives de fonds européens, le produit intérieur brut (PIB) de ces deux pays a connu une croissance exponentielle. En 2023, avec un PIB de 350 milliards d’euros, la Roumanie a surpassé des pays comme la Hongrie et la Grèce en termes de croissance économique. La guerre menée par la Russie en Ukraine voisine joue en faveur de la Roumanie et de la Pologne, qui attirent chaque année plusieurs dizaines de milliards d’euros d’investissements étrangers. De nombreuses entreprises occidentales qui ont fermé leurs portes en Russie et en Ukraine se réinstallent dans ces deux pays.

Cette nouvelle dynamique économique se traduit par une hausse visible du niveau de vie. Bucarest et Varsovie attirent de plus en plus de jeunes entrepreneurs, parmi lesquels de nombreux Roumains et Polonais ayant émigré à l’ouest. Une promenade dans les rues de ces deux capitales permet de constater leur transformation rapide. Oubliées les villes ternes et grises de l’époque communiste des années 1990. Aujourd’hui, ces métropoles de l’est de l’Europe évoluent à grande vitesse. Environ cinq millions de Roumains ont quitté leur pays après l’adhésion de la Roumanie à l’UE en 2007, rejoignant la diaspora qui était partie pendant les années noires de la dictature communiste. Au total, dix millions de Roumains et vingt millions de Polonais vivent aujourd’hui à l’étranger, principalement en Europe occidentale et en Amérique du Nord. Mais le rebond économique de ces deux nations de l’ancien bloc de l’Est commence à changer la perception de leurs citoyens émigrés. Ceux qui envisagent le plus sérieusement un retour au pays sont souvent les jeunes ayant fait leurs études dans les grandes universités européennes ou américaines et qui ont déjà entamé une carrière à l’étranger. Forts de leur expertise occidentale et disposant de capitaux, ils sont en mesure de lancer des start-up dans leur pays d’origine. Ils peuvent également bénéficier de nombreux programmes incitant au retour. En Roumanie, par exemple, le programme Repatriot permet aux expatriés de revenir avec une idée de projet et d'obtenir jusqu’à cent mille euros de financement pour chaque initiative. «Travailler pour développer mon propre pays donne un sens plus profond à ma vie professionnelle», conclut Cezar Georgescu. Fini l’exode vers l’Ouest, place au retour à la maison.

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