#Démographie roumaine Le gouvernement roumain est inquiet: beaucoup de Roumains, dont beaucoup de jeunes, ont quitté leur terre natale.
Plus de cinq millions de Roumains ont quitté leur terre natale à la recherche d’une vie meilleure en Europe de l’Ouest depuis 2007. Le 21 août, la Fédération des associations de Roumains en Europe (FADERE) a lancé un appel pressant au gouvernement pour demander des mesures immédiates afin d’endiguer cette saignée démographique. «La migration vers l’Ouest prend des proportions alarmantes et une bonne partie des candidats au départ sont des jeunes», affirme Daniel Tecu, président de la FADERE, dans une lettre ouverte adressée au gouvernement. La mauvaise qualité des services publics, la corruption bureaucratique, le manque d’infrastructures routières et un système de santé archaïque sont autant de facteurs qui poussent les Roumains à quitter leur pays. Alors que l’Union européenne offre des fonds, la perte de main-d’œuvre risque de compromettre leur utilisation.
Pénurie de main-d’œuvre
Depuis la chute du régime communiste en 1989, un quart de la population roumaine est venu en Europe de l’Ouest. Cette hémorragie démographique s’est intensifiée après l’adhésion du pays à l’Union européenne en 2007. Selon les données du ministère des Affaires étrangères, la plupart de ces migrants ont opté pour des pays latins en raison de leurs origines communes. L’Italie a accueilli 1,137 million de Roumains, l’Espagne en compte un million et la Grande-Bretagne 950 000. L’Allemagne suit avec 826 000 presonnes, tandis que la Suisse en compte 36 000. Cet exode massif vers l’Occident a créé une pénurie de main-d’œuvre dans un pays qui affiche chaque année des taux de croissance prometteurs. En 2022, la Roumanie a attiré plus de dix milliards d’euros d’investissements étrangers, mais les entreprises qui s’installent peinent à recruter. La guerre menée par la Russie en Ukraine a incité de nombreuses entreprises occidentales à quitter la Russie et l’Ukraine pour se replier en Roumanie et en Pologne. Un exemple concret est celui de Nokian, la société finlandaise de pneus, l’une des têtes de file mondiales du secteur pneumatique. Elle a fermé son usine en Russie en juin 2022 et s’apprête à en ouvrir une à Oradea, ville située au nord-ouest de la Roumanie. «Cet investissement est une décision stratégique importante qui favorisera notre croissance future», a déclaré Jukka Moisio, président de Nokian Tyres. «Cette usine de classe mondiale nous permettra de développer de nouveaux pneumatiques Nokian sans la Russie.»
«Oublions Dracula!»
Bien que cet afflux de capitaux ait amélioré les indicateurs économiques, le recrutement de main-d’œuvre reste un défi majeur pour les investisseurs. Chaque année, la Roumanie accorde cent mille permis de travail à des candidats non issus de l’Union européenne, dont la majorité vient de pays asiatiques. «Sans les travailleurs étrangers, la Roumanie serait en danger», affirme le sociologue Gelu Duminica. «Alors qu’une génération roumaine dans les années 1990 comptait huit cent mille enfants, ce chiffre est aujourd’hui réduit à cent quatre-vingt mille.» Si les Roumains partent, les Asiatiques et les Africains arrivent. Cependant, l’immigration ne se limite pas à eux: de nombreux entrepreneurs venant d’Europe occidentale cherchent des opportunités sur un marché en pleine essor. «Oublions Dracula, oublions le dictateur déchu Ceausescu, oublions les charrettes tirées par les chevaux: la Roumanie a rompu avec ces clichés», affirme Grégoire Vigroux, un entrepreneur français âgé de 43 ans, qui a créé une vingtaine d’entreprises en Roumanie. «C’est un pays moderne et dynamique avec un écosystème de start-up en pleine effervescence.»
Mauvaises décisions politiques
La Roumanie est un pays de contrastes. Alors que les Roumains partent à l’Ouest, de plus en plus d’Occidentaux s’installent dans le pays. La Roumanie abrite une armée d’informaticiens talentueux, mais son administration n’a pas commencé sa transition numérique. Alors que les zones urbaines se développent rapidement, de nombreux villages semblent figés dans le passé. Une nouvelle génération de jeunes a créé un écosystème de start-up dynamique, mais elle se heurte à une classe politique qui peine à moderniser le pays. Le gouvernement de coalition, composé de sociaux-démocrates et de libéraux, s’apprête à introduire de nouvelles taxes et à augmenter les impôts pour financer une administration pléthorique. Ces mesures poussent les Roumains à opter pour l’Europe occidentale. «Le gouvernement envisage de supprimer les avantages fiscaux dans trois domaines clé: l’agriculture, le bâtiment et l’informatique», explique Daniel Tecu, président de la FADERE. «Ces mesures vont pousser encore plus de Roumains à partir. Nous appelons le gouvernement à prendre des décisions pour freiner l’émigration vers l’Ouest. Nos dirigeants doivent encourager les Roumains à revenir dans leur pays et non à l’abandonner.» Un message qui a du mal à résonner auprès des autorités roumaines.
En autorisant les services tiers, vous acceptez le dépôt et la lecture de cookies et l'utilisation de technologies de suivi nécessaires à leur bon fonctionnement. Voir notre politique de confidentialité.