Sébastien Mettraux, artiste suisse au parcours emblématique

Grégory Tesnier
Publié vendredi 07 juillet 2023
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#Peinture Sébastien Mettraux est né en 1984 à Vallorbe dans le district du Jura-Nord vaudois, commune où il vit et travaille toujours.

Son attachement pour ce territoire se reflète de façon directe ou indirecte dans ses réalisations artistiques, par exemple dans la photographie Colline verdoyante, d’après Bill Gates qu’il a présentée en 2006.

Cette dernière correspond à une réinterprétation d’un paysage familier: il s’agit de la colline qui a servi de fond d’écran par défaut au système d’exploitation Windows xp lancé en 2001 par Microsoft. «Une rumeur locale émettait l’idée que cette photographie aurait été prise à la Vallée de Joux, à quelques kilomètres de chez moi, par Bill Gates lui-même, alors qu’il visitait une prestigieuse entreprise horlogère.

Ce fond d’écran, vu par plus de deux cents millions de personnes quotidiennement, et cependant totalement anonyme, s’avérerait être une sorte de photo de vacances de l’homme le plus riche au monde, représentant un endroit faisant partie de mon environnement familier. Ma démarche a consisté à localiser, puis à rephotographier la même colline avec un cadrage aussi proche que possible de la prise de vue effectuée par Bill Gates», explique Sébastien Mettraux sur son site internet1.

Passion pour le dessin

Rien ne prédisposait celui qui aujourd’hui partage son temps entre expositions et travail académique – Sébastien Mettraux est responsable du Master Innokick de la Haute école spécialisée de Suisse occidentale (HES-SO) – à peindre, sculpter, photographier ou graver ses interprétations du monde pour les présenter au public. «J’ai grandi dans un milieu où l’art était peu présent. Pourtant, très tôt, j’ai développé une passion pour le dessin qui ne m’a pas quitté. Après l’obtention de ma maturité commerciale et sans connaissances précises de l’art contemporain ni fort soutien familial, j’ai tenté et réussi le concours d’entrée de l’École cantonale d’art de Lausanne (ECAL).

Cette étape est importante pour moi, car à l’époque le droit ou l’enseignement constituaient d’autres voies professionnelles que j’aurais pu suivre. J’ai ensuite eu la chance de participer très vite à une première exposition au Musée cantonal des beaux-arts de Lausanne, puis de vendre à Paris ma première oeuvre à un collectionneur réputé. Je dois beaucoup aux expositions, aux concours et aux occasions offertes par l’ECAL pour se faire connaître en Suisse et à l’étranger. En dernière année d’études, je savais que je voulais faire de l’art mon métier.»

Pour financer sa formation, Sébastien Mettraux travaille en usine. La suite de son oeuvre mettra en scène sa vison et ses réflexions concernant l’univers manufacturier, notamment la série Ex Machina, composée de peintures (huiles sur toiles) représentant différents éléments industriels. «Les machines me fascinent en tant qu’éléments générateurs d’objets, de séries, de processus, mais également sur le plan formel, car leurs formes ont pour seule origine la fonction.

Je récolte depuis 2005 de nombreuses données, croquis, observations, sur des machines que j’ai pu observer ou expérimenter en tant qu’ouvrier. A partir de ces données, j’effectue depuis fin 2013 une série de peintures représentant ces formes dépourvues de leur fonction, comme des natures mortes ou des objets hybrides, mi-sculpturaux.»

Difficile de vivre de son art

Artiste reconnu, récompensé à de multiples reprises – Prix Kiefer Hablitzel (2009), Prix fédéral d’art (2009), Bourse culturelle Leenaards (2015), Prix de la 73ème biennale d’art contemporain (2018) – et dont les toiles peuvent atteindre un prix de vente à cinq chiffres, Sébastien Mettraux ne cache pas les difficultés qu’il y a pourtant à vivre de son art en Suisse. «Il est possible d’en vivoter en produisant des oeuvres et en en vendant quelques-unes dans l’année. Il est beaucoup plus difficile d’assurer des revenus réguliers et de faire vivre une famille avec les seules ressources financières de son activité artistique, qui nécessite elle-même des investissements en matériel parfois substantiels.

Vers 25 ans, après avoir fondé une famille, je suis devenu enseignant – un métier qui m’a toujours attiré et plu – pour compléter mes revenus.» Poursuivre une carrière artistique implique de plus en plus de faire connaître son travail dans les grandes capitales et de voyager fréquemment. Un rythme de vie qui n’est pas à la portée de tous et qui met à mal la vie de famille. Voilà aussi ce que souligne Sébastien Mettraux. Aujourd’hui représenté par la galerie genevoise Gowen Contemporary où il expose régulièrement, ses projets se déploient dans de multiples directions et sont présentés dans différents lieux en Europe et en Suisse.

1www.sebastien-mettraux.ch 

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