Blaise Matthey Directeur général FER Genève Publié vendredi 03 mars 2023
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Les récentes statistiques sur l’emploi indiquent que les travailleurs frontaliers n’ont jamais été aussi nombreux en Suisse, Genève détenant le record en la matière avec plus de cent mille autorisations de travail.
C’est toutefois au Tessin qu’ils représentent la part la plus élevée par rapport à l’emploi total.
Ce chiffre, couplé à celui du chômage, qui n’a jamais été aussi bas depuis vingt ans, atteste de la bonne santé de l’économie helvétique. Dans les régions frontalières de la Suisse romande, le bassin en profite.
Confrontées à une pénurie de main-d’œuvre, les entreprises suisses trouvent ainsi les collaborateurs qualifiés dont elles ont besoin pour satisfaire la demande. C’est particulièrement vrai pour des secteurs comme la santé, le commerce, la construction, l’hôtellerie/restauration, l’industrie ou l’informatique. Ce n’est pas pour autant de l’emploi à bas coût. Aucun dumping salarial généralisé ni effet d’éviction au détriment des résidents n’a été observé. Le dispositif d’encadrement du marché du travail joue pleinement son rôle.
Cela étant, tout n’est pas rose. On ne peut rester indifférent à certaines des conséquences de cet afflux de main-d’œuvre. Du côté français, les entreprises se plaignent notamment de devoir former du personnel qui les quitte ensuite. L’un des moyens pour parvenir à un meilleur équilibre serait sans doute de partager des objectifs et des moyens de formation. On en parle depuis longtemps, mais aucune réalisation concrète n’a vu le jour car les systèmes diffèrent.
Le prix du logement pour les frontaliers, surtout dans la zone genevoise, constitue également une préoccupation, comme la saturation des infrastructures. La Confédération et les cantons – Genève n’a jamais autant bâti depuis les années 1970 – fournissent des efforts considérables dans ces deux domaines et les renforceront encore. Face à l’augmentation de la population résidente et active en Suisse, des propositions plus radicales reviennent sur la table, comme le gel de l’immigration ou la décroissance. C’est oublier que notre pays est lié à l’Union européenne par une série d’accords, dont celui sur la libre-circulation.
Pour tous ceux qui veulent remettre le couvert sur cette question, l’effet dévastateur du stop à la migration sur la Grande-Bretagne à la suite du Brexit mérite d’être médité.
La population mondiale augmentant, la nôtre vieillissant, il ne faut pas craindre la migration, qu’elle soit frontalière ou autre, mais la gérer pour maintenir des équilibres économiques et sociaux que la décroissance mettra immanquablement en danger et que personne n’assumera.
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