Véronique Kämpfen Rédactrice en chef Publié vendredi 26 août 2022
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«C’est sûr, la Russie va tirer la prise.» Cette phrase, je l’ai entendue à plusieurs reprises lors de la Rentrée des entreprises de mardi. Les responsables d’entreprise sont inquiets.
C’est légitime. «Je ne comprends pas que les autorités ne nous disent pas ce qui va se passer pour notre secteur d’activité et comment nous pouvons anticiper ce problème.» C’est en substance ce que reprochent les acteurs de l’économie aux politiques. La perspective d’une pénurie est déjà assez angoissante, mais l’incertitude qui plane n’est pas moins grave.
La conférence de presse du Conseil fédéral de mercredi n’a pas levé les zones d’ombre. S’il faut saluer l’annonce de procédures de consultation destinées à donner la voix aux acteurs concernés, le flou demeure quant à savoir quels secteurs devront le plus se serrer la ceinture, dans quels délais et, cas échéant, à quelles indemnités ils pourront prétendre. Le message du Conseil fédéral est cependant clair sur un point: il faudra travailler sur plusieurs fronts en même temps pour passer le cap. Tout le monde devra faire un effort à son échelle, pour éviter des restrictions plus sévères. Les entreprises, souhaitant éviter les restrictions obligatoires, doivent mettre en œuvre des mesures pour contribuer à l’abaissement de la consommation d’énergie. A noter que ce sont elles qui ont déjà fait, avant la crise, le plus d’efforts en termes d’économie d’énergie, comme le relève l’Agence pour l’énergie.
D’un point de vue factuel, il faut distinguer entre pénurie de gaz et d’électricité. L’approvisionnement en gaz est mis à mal en raison de la situation géopolitique et des sanctions contre la Russie, dont provient 43% du gaz consommé en Suisse. Concernant l’électricité, la Suisse en exporte plus qu’elle n’en consomme en une année. En revanche, si les hivers sont rudes, elle doit tout de même en importer, ce qui arrive la plupart du temps, à des degrés divers. Les relations avec ses voisins sont donc clé. L’abandon de l’accord cadre se fait cruellement sentir dans le domaine énergétique.
Notre société est largement tributaire de l’énergie. Obliger les entreprises à réduire leur consommation est une décision lourde de conséquences. Les entreprises doivent pouvoir prendre part au dialogue pour coconstruire les solutions les plus efficaces. Il en va de la pérennité de l’ensemble des entreprises et des emplois qui y sont liés. La disponibilité des ressources est sous tension et l’augmentation du prix des matières premières est au cœur du débat politique. La crise énergétique qui se profile met une fois de plus en lumière l’interdépendance des Etats et la nécessité de trouver des solutions communes. Le temps est à la proactivité, l’attentisme n’a que trop duré. Le dialogue entre les autorités et les entreprises, d’une part, et avec l’Union européenne, d’autre part, doit être relancé.
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