Véronique Kämpfen Rédactrice en chef Publié jeudi 14 avril 2022
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Pourquoi votons-nous sur Frontex, l’agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes, le 15 mai prochain.
Alors que le texte demande simplement de renforcer la participation financière (61 millions de francs) et humaine (maximum 39 personnes) de la Suisse au fonctionnement de cette agence? En cas de refus du texte soumis à votation, un enchaînement en cascade néfaste pour la Suisse s’ensuivra.
Frontex n’agit pas aux frontières extérieures de l’UE, mais à celles de l’espace Schengen, auquel la Suisse participe depuis 2008. Elle en tire de grands bénéfices. Ses ressortissants - particuliers et entreprises - peuvent se déplacer sans contrainte dans tous les pays membres de cet espace. La Suisse est intégrée dans le système de sécurité de Schengen, accédant en temps réel aux bases de données européennes de recherche pour lutter contre la criminalité. Ce système informatique est consulté en Suisse trois cent mille fois par jour (!), et permet une collaboration efficace entre les polices nationales.
L’accord de Schengen est lié à l’accord de Dublin, qui concerne l’asile. Il stipule que les requérants voient leur demande traitée dans le premier pays où elle a été déposée. Cela évite que des demandes soient déposées en plusieurs endroits, sans concertation entre les pays.
D’un point de vue juridique,
ces différents accords sont liés. Si la Suisse refuse de contribuer au renforcement de Frontex, les accords de Schengen et de Dublin s’éteindront automatiquement après un délai de six mois. D’ici à fin 2022, la Suisse serait donc exclue de Frontex, de Schengen et de Dublin. C’est ce que souhaitent les opposants. Ils prônent une politique d’accueil des migrants plus généreuse en Suisse et condamnent le prétendu non-respect des droits humains dans certaines procédures de renvoi.
Sur ce point essentiel,
des mesures correctrices ont été prises. Avec deux sièges au Conseil d’administration de l’agence, la Suisse peut influencer positivement la politique de contrôle aux frontières et le respect de la dignité humaine.
La Suisse est une île
au milieu de l’Europe. Penser qu’elle sera capable de gérer seule les flux migratoires, la criminalité transfrontalière et le contrôle permanent de ses frontières relève du fantasme. Refuser Frontex, c’est retourner à l’âge de pierre des collaborations entre les polices. Cela ne permettra pas d’améliorer la situation des migrants aux frontières de l’Europe ou en Suisse.
Au contraire, c’est en participant activement à la politique sécuritaire et migratoire des pays européens que la Suisse continuera à l’influencer de l’intérieur. C’est là tout l’enjeu.
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