#Horlogerie Fondée à Genève en 1845, la marque CZAPEK & CIE revit avec succès.
«Nous vivons une belle histoire entrepreneuriale et horlogère», résume Xavier de Roquemaurel, tout sourire à propos de la marque qu’il dirige, Czapek & Cie, et l’aventure vécue.
Sur bien des aspects, ce projet d’entreprise est en effet original, à commencer par son nom. Ce dernier fait référence à un personnage énigmatique, Franciszek Czapek, un jeune artisan-horloger polonais d’origine tchèque ayant trouvé refuge en Suisse à la suite de l’insurrection de Novembre à Varsovie. Dans la Genève du XIXème siècle, il a rapidement acquis un savoir-faire d’exception qui lui a permis d’ouvrir un premier atelier en 1833 avec un Versoisien nommé Moreau (société Czapek & Moreau). Il collabore ensuite, de 1839 à 1845, avec Antoni Patek (manufacture Patek, Czapek & Cie). En 1845, il s’associe à Julius Gruzewski et lance une nouvelle marque, Czapek & Cie, pour pouvoir livrer depuis la cité de Calvin - son atelier genevois est au Quai des Bergues - toute les têtes couronnées d’Europe continentale. Un détail mystérieux: sa trace se perd en 1869, personne ne connaît la date de sa mort.
Un saut dans le temps nous conduit en 2013. Alors que l’horlogerie suisse vit des années d’or, trois entrepreneurs curieux, dont Xavier de Roquemaurel, tombent sur l’histoire de cet horloger. Tous les ingrédients sont présents pour fonder une marque mécanique classique et de haut de gamme qui lui rendrait hommage. Le nom, encore libre, sera réenregistré par l’un d’entre eux. Pour le lancement, les fondateurs misent sur un financement participatif. En réunissant une centaine de connaisseurs passionnés au sein de l’actionnariat, ils sont en mesure, trois ans plus tard, de sortir une première collection nommée Quai des Bergues, l’emblème de la renaissance, la plus représentative, selon les fondateurs, de l’horloger Czapek. PORTRAIT Un horloger historique revisité CZAPEK & CIE Fondée à Genève en 1845, la marque revit avec succès.
La croissance de l’entreprise reste limitée aux passionnés les premières années, tant en ce qui concerne les volumes que la reconnaissance. Fin 2019, Xavier de Roquemaurel sent qu’il serait bon de franchir une nouvelle étape et compte, pour cela, sur une nouvelle collection inédite, baptisée Antarctique. Les garde-temps sont un intéressant mélange basé sur un mouvement raffiné (trois aiguilles) avec un bracelet intégré en acier, soit le sport marié à la haute horlogerie. Le lancement doit avoir lieu lors de la Foire de Bâle, en grandes pompes, mais c’est compter sans l’annulation de tout événement à l’heure de la pandémie.
Du risque de faillite au succès
Après quelques heures d’expectative (l’implication de son conseil d’administration permet à la société de prendre rapidement des décisions), la direction de Czapek décide d’aller de l’avant, quoi qu’il en coûte. «Nous étions à un tournant. Nous aurions pu faire faillite si nous nous étions arrêtés, mais c’est au contraire ce modèle qui a tout changé et nous a permis d’entrer dans une nouvelle dimension», raconte Xavier de Roquemaurel. Les ventes profitent d’un terrain presque déserté par les autres marques durant cette année de confinement et de l’appétit des collectionneurs, conquis par ce modèle-phare. Depuis, Czapek doit affronter un autre problème: faire suivre la production. «Chez nous, chaque horloger est responsable d’une Antarctique du début à la fin. Nous tentons de canaliser la demande en misant sur le système de souscription, ce qui permet de garantir aux futurs acheteurs de réserver leur pièce», explique l’entrepreneur. Dans les faits, ce succès se traduit par une importante augmentation du volume, passé de quatre-vingts pièces en 2016 à quelque mille montres actuellement. La PME compte désormais vingt-deux collaborateurs, en prenant en compte l’atelier situé à La Chauxde-Fond et la boutique de la rue de la Corraterie, où se trouve son siège. Elle reste d’esprit familial, avec un management le plus collégial et participatif possible.
Dans un univers horloger très encombré, une marque telle que Czapek compte beaucoup sur le réseau de distribution. «Il faut que le détaillant connaisse son métier et nos montres pour en devenir le prophète. Celles-ci ne doivent pas être noyées au milieu de produits moins orientés vers les passionnés», résume Valeria Garavaglia, responsable de la communication. Chez Czapek, les qualités horlogères concernent des codes esthétiques raffinés et modernes combinés à des finitions méticuleuses qui, elles, restent classiques. Hormis les bracelets, tous les composants sont fabriqués en Suisse et nous sommes totalement transparents à propos de nos fournisseurs», résume celui qui préfère être vu comme le capitaine d’une équipe que son patron. Légitimement fier d’avoir mené sa barque jusque-là, Xavier de Roquemaurel envisage l’avenir avec optimisme. Présent dans le Carré des Horlogers au dernier salon de Watches & Wonders, il sait qu’il a tout pour tenir le cap. n
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