#Asile Les personnes issues de l’asile sont souvent très motivées au travail, comme l’ont montré plusieurs témoignages, lors du lancement d’une brochure démontant les idées reçues à leur sujet.
Alors que beaucoup d’employeurs se plaignent de la difficulté à trouver des employés motivés, l’entreprise de gros œuvre René Mathez SA sait comment les dénicher. Elle a engagé plusieurs personnes issues de l’asile. «Elles ont dû faire preuve d’énormément de courage pour arriver en Suisse», relate Romain Gregoris, responsable de chantier et formateur CFC. «Elles arrivent avec une énorme envie de travailler et de s’intégrer. Notre rôle est de leur apporter le bagage technique. Une fois qu’on a essayé cette main-d’œuvre, on ne s’arrête plus!» A ses côtés, Tedros Kidane, réfugié érythréen travaillant dans l’entreprise, sourit modestement.
Plusieurs témoignages de ce type ont été rapportés d’une soirée organisée par l’association Vivre ensemble pour lancer une brochure démontant les idées reçues sur les personnes issues de l’asile et l’emploi.
Idées reçues
Malgré la grande envie de travailler dont font preuve de nombreuses personnes issues de l’asile, leur statut peut jouer contre elles. Des employeurs imaginent qu’ils devront affronter des procédures difficiles pour les engager, alors que ce n’est plus le cas – elles ont été sensiblement allégées (lire ci-contre). La langue a longtemps constitué un obstacle, mais la nouvelle politique d’intégration de la Confédération permet de financer des cours pendant dix-huit mois aux personnes issues de l’asile – à l’exception des permis S (fuyant la guerre en Ukraine), auxquels d’autres règles s’appliquent. Beaucoup d’entre elles, qui ont dû se débrouiller dans différents pays étrangers au cours de leur périple, apprennent vite.
Leurs qualifications varient. Certaines ont des compétences de très haut niveau. La Ville de Genève a engagé une Kurde syrienne issue de l’asile dans son équipe d’infrastructure informatique. Elle était auparavant responsable d’une équipe de sécurité informatique à la Banque centrale syrienne. «Elle est extrêmement polyvalente, intelligente, motivée, et nous a apporté un grand savoir-faire», s’enthousiasme Julie Rieger, responsable de l’unité infrastructure de la Ville de Genève.
Débrouillardise
D’autres n’ont pas de diplôme reconnu, mais compensent avec leur motivation et leur débrouillardise. Ils ont souvent de l’expérience professionnelle dans leur pays et ont dû passer par de nombreuses épreuves pour arriver en Suisse, qui valent bien des diplômes. «En Turquie ou en Serbie, on est obligés de travailler, car il n’existe pas d’aide sociale», témoigne Atiq Naqibi, réfugié afghan.
Ce bagage peut bénéficier à leurs employeurs. «Atiq nous a beaucoup appris», raconte Yohann Pellaux, l’un des deux fondateurs du fast-food durable Gemüse Kebab. «Il a travaillé dans la restauration dès l’âge de quatorze ans. Quand nous avons lancé notre service traiteur, nous avons connu des moments de grand stress. Atiq, lui, gardait la tête froide, avait l’œil à tout et parvenait toujours à trouver des solutions.» Engagé comme employé polyvalent, le jeune homme va passer responsable de cuisine.
En plein cœur
New Concept Sports, pour sa part, a créé une place d’apprentissage spécialement pour Tesfay Felfele, un réfugié érythréen qui était entré dans le magasin pour offrir ses services. «Il m’a touché en plein cœur», raconte Laurent Paonessa, directeur associé. Le jeune homme s’est distingué par sa motivation, et de nombreux clients demandaient à ce que se soit lui qui les prenne en charge. «Cela nous a donné envie d’engager un autre apprenti», ajoute Laurent Paonessa. Quant à Tesfay Felfele, il a mis de côté sa carrière dans la vente pour devenir coureur professionnel. Aucune course ne sera sans doute aussi difficile que le parcours qu’il a dû effectuer pour passer de migrant à réfugié, puis à employé et sportif d’élite.
Engagement: une procédure simplifiée
Engager une personne issue de l’asile, est-ce compliqué? Non, la procédure a été simplifiée pour favoriser leur embauche. «Pour engager une personne titulaire d’un permis B réfugiés, F réfugiés ou F, il suffit de remplir un formulaire d’annonce en ligne. La personne peut commencer à travailler directement dans toute la Suisse et dans tous les secteurs d’activité. En cas de permis N ou de statut S, l’employeur doit préalablement demander une autorisation auprès de l’autorité cantonale compétente qui vérifie si les conditions de travail sont respectées. Les délais varient selon les cantons.» (15 jours ouvrables à Genève). Tel est le type d’information que l’on trouve dans la brochure Réfugiés & Emploi, au-delà des idées reçues, publiée par l’association Vivre ensemble. Rédigée dans un langage simple, elle examine les différentes idées reçues sur les personnes issues de l’asile: leur niveau de français, la durée de leur séjour, les lacunes de leur CV, etc. La brochure est téléchargeable gratuitement sur https://asile.ch. Une page sur les adresses utiles est également disponible en ligne: https://asile.ch/emploi/engager-comment-faire
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