Une bande-annonce de Heidi illustre la limite des algorithmes
Flavia Giovannelli
Publié jeudi 04 juillet 2024
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#IA Invité au Private Banking Day, l’humoriste Karpi a montré les limites de l’IA concernant la génération de films.
L’intelligence artificielle (IA) changera-t-elle nos vies? Pour le meilleur ou pour le pire? Tel était le thème du Private Banking Day, le 18 juin dernier, où la question s’est principalement concentrée sur l’impact de l’IA sur les métiers bancaires. Cependant, l’un des invités, Patrick Karpiczenko, alias Karpi, humoriste, scénariste, réalisateur et producteur de cinéma suisse, a élargi le champ d’analyse en faisant plusieurs démonstrations amusantes de l’apport de ces technologies en matière de réalisation de contenus numériques.
L’humoriste, qui est une figure reconnue du paysage culturel et médiatique suisse alémanique, avoue être tombé dans le chaudron de l’IA dès l’adolescence. Il l’a prouvé avec des archives vidéo datant de la fin du siècle dernier, où on le découvre donnant son avis sur les échanges rudimentaires qu’il a eu avec un robot.
Démonstration des limites de l’IA
Aujourd’hui, Karpi a intégré les développements des nouvelles technologies et les utilise sans complexe pour ses films ou autres réalisations à des fins publicitaires. Il a apporté quelques exemples propres à inquiéter et à amuser son audience. Le plus spectaculaire est la bande-annonce de Heidi, que le réalisateur a fait générer par l’IA et qui est devenue virale dans le monde entier depuis l’été dernier.
Karpi a demandé au logiciel Gen-2, proposé en libre accès par Runway, de produire une courte vidéo censée promouvoir un film racontant l’histoire de la plus célèbre héroïne suisse1. Le résultat n’a demandé qu’une journée de travail pour réaliser et monter le film, mais de manière surprenante, le résultat ressemble davantage un film d’horreur absurde qu’une histoire pour enfants. Heidi a des traits qui font penser à un gnome, tandis que les animaux de l’alpage sont difformes.
Karpi précise avoir donné des requêtes, en anglais, qui se traduiraient à peu près comme ceci: «une fillette de six ans vêtue d’une vieille robe prend du bon temps dans les vertes prairies de Suisse», «un cheval photogénique aux longs crins» et «une foule en colère marche à travers un village suisse avec des torches».
«L’outil est relativement mauvais», juge Karpi. «La façon dont les visages sortent de manière grotesque ou les corps avec trop de membres montrent comment il mélange les choses.» La requête de vache triste produit un animal au ventre gonflé. «Depuis, je n’en dors plus la nuit», écrit Karpi dans le post qui accompagne la vidéo sur Twitter. Cette démonstration des limites de l’IA en forme de plaisanterie a tout de même récolté plus de vingt millions de vues et généré cent précommandes en vingt-quatre heures.
Limites de l’expérience IA
Non sans humour, Karpi tire les leçons de sa collaboration avec Gen-2, qui a montré des limites dans d’autres projets.
«Lorsque j’ai demandé à l’IA de me proposer des images d’un cavalier monté par un cheval, soit l’inverse de la réalité habituelle, je n’ai jamais obtenu de résultats valables», regrette Karpi.
Mélange d’utopie et de dystopie
«Il faut garder en tête que ce sont les algorithmes qui nourrissent ces outils et Gen-2 ne peut concevoir à partir de ces données cette fantaisie absurde d’équidé chevauchant un humain.» Nous pourrions en déduire que l’IA n’est pas encore au point pour produire un film cohérent. Pourtant, ne se cachant pas dans son approche disruptive, Karpi avoue considérer l'avenir comme un mélange d'utopie et de dystopie dont il ne compte pas se priver. Il est particulièrement bien placé pour relever les dangers potentiels de ces nouvelles technologies.
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