Une culture basée sur l’esclavage

Esclaves sur les plantations de canne à sucre.
Esclaves sur les plantations de canne à sucre. William Clark
Pierre Cormon
Publié jeudi 21 décembre 2023
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#Esclavage Le sucre et le cacao, les deux ingrédients de base du chocolat, ont longtemps été cultivés par des esclaves capturés, vendus et détenus dans des conditions effroyables.

Les populations qui cultivaient traditionnellement le cacao ayant été décimées par les maladies, les Espagnols les ont remplacées par des esclaves d’origine africaine. La culture du sucre, l’autre produit de base du chocolat, était également basée sur l’esclavage.

Entre douze et vingt-quatre millions d’esclaves africains auraient été envoyés dans les Amériques par les puissances européennes, estiment les historiens. La vie humaine ne vaut pas cher à l’époque. La mortalité des marins recrutés, parfois de force, dans les longues expéditions guerrières, est effroyable. Celle des esclaves est surtout considérée pour sa valeur marchande.

Mortalité élevée

«Encore en Afrique, entre 40% et 45% des Noirs réduits en esclavage mouraient lors du trajet entre les zones de capture et le littoral», écrit Laurentino Gomes, auteur d’un livre de référence sur l’esclavage au Brésil1. D’autres périssaient au port, en attendant le transport, pendant la traversée, puis durant la vente et le transport vers le lieu de travail. Au total, pour dix personnes capturées, environ quatre arrivaient à destination. Elles mouraient généralement jeunes, à cause de la dureté des conditions de vie. Un voyageur décrit ainsi le travail dans une plantation de sucre brésilienne, en 1681: «A côté du moulin se trouve le four, prison de feu et de fumée perpétuelle, image vivante du purgatoire et de l'enfer. Tout près de ces fours se trouvent les condamnés, les esclaves malades du pian (une maladie qui donne des pustules - ndlr), contraints d'endurer ce travail douloureux. Il y a aussi d'autres esclaves, attachés à de longues et épaisses chaînes de fer». Quakers Il faudra attendre le dernier tiers du XVIIIème siècle pour qu’un mouvement anti-esclavagiste voie le jour, notamment sous l’impulsion des Quakers britanniques. De nombreux esclaves ne l’ont pas attendu pour prendre leur destin en main. Les révoltes et les fugues étaient nombreuses, quoique sévèrement réprimées. Les fugitifs se groupaient dans des communautés appelées quilombos en portugais. Le plus célèbre, le Quilombo dos Palmares, perdura environ un siècle et tint en échec plusieurs expéditions militaires envoyées pour le réduire.

1 Laurentino Gomes, Escravidão, Globolivros, trois tomes, 2019.

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