Une école de musique qui est aussi une école de la vie

Stephan Montinaro, fondateur de l’école de musique Music Arts Academy.
Stephan Montinaro, fondateur de l’école de musique Music Arts Academy.
Flavia Giovannelli
Publié vendredi 09 septembre 2022
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#Musique Fondée par Stephan Montinaro en 1993, Music Arts Academy fêtera ses 30 ans l’année prochaine.

Une belle aventure qui n’avait rien d’évident au vu du contexte et de la concurrence.  L’entrepreneur, qui s’entraînait à la batterie dans les bois de Versoix pour ne pas déranger les oreilles sensibles, a conservé le même enthousiasme qu’à ses débuts. Il est surtout  particulièrement modeste. Pourtant, tant lui-même que son école sont des références pour de nombreux musiciens professionnels internationaux.

Etes-vous tombé très tôt dans le bain de la musique?

Je crois qu’on peut le dire! J’ai commencé à étudier la musique à 9 ans et fait mes premiers concerts à 13 ans, ce qui m’a permis d’acquérir une bonne base dans tous les registres. Lorsque j’étais au cycle d’orientation, je travaillais tous les jeudis et samedis chez Bernard Musique. De tous les instruments que j’ai essayés, c’est la batterie que j’ai assez vite préférée. Peu à peu, il est toutefois devenu compliqué de me consacrer à ma formation de musicien et de suivre en même temps des études. J’ai failli commencer des études de physique à Genève, mais j’ai fini par faire le grand saut en partant à New York pour suivre une école de musique.

Pourquoi ce virage?

Parce que, finalement, j’ai décidé de me donner les moyens de devenir musicien professionnel et qu’ici, à Genève, ce n’était pas possible d’atteindre le niveau qualitatif que je visais. Quand j’avais 20 ans, c’était les Etats-Unis ou rien. J’y ai obtenu un diplôme, j’y ai fait de magnifiques expériences, puis je suis rentré en Suisse au début des années 1990. J’ai commencé à me produire dans des concerts, j’ai enregistré avec des groupes, même s’il était encore difficile de vivre de son art.

Vous avez ouvert votre école dans ce contexte?

Oui, peu à peu, les gens sont venus me solliciter pour des cours. J’ai commencé par ouvrir une petite école dans le quartier, avant de déménager à la rue Voltaire, où je me trouve aujourd’hui. Peu à peu, l’école a grandi et je me suis entouré d’autres musiciens pour assurer un large éventail de formations sérieuses. Nous sommes aujourd’hui quatorze professeurs diplômés de grandes écoles de renommée internationale.

Quels cours proposez-vous?

Il y en a pour tous les goûts. Nous proposons des cours d’instruments pour enfants, adolescents, adultes, et pour tous les niveaux, en individuel et de durée variable, ou en petits groupes, du lundi au samedi, ainsi que le soir. Nous mettons plus particulièrement l’accent sur la batterie, la guitare et le piano. Nous sommes reconnus par le Département de l’instruction publique pour les élèves qui suivent leur études avec option musique. Enfin, nous assurons une préparation aux grandes écoles internationales à Londres, à Boston ou à Los Angeles, par exemple.

Qu’est-ce qui vous plaît le plus dans vos activités?

Plusieurs choses! J’adore transmettre et il faut tout donner dans cet objectif. Nous avons la chance, à Genève, d’avoir un haut niveau musical et j’espère que ça continuera. En apportant une pierre à ce processus, nous nous enrichissons autant que nos élèves. J’aime aussi organiser des masterclass avec des artistes qui sont des stars internationales dans leur domaine. Si je dois ajouter un point qui concerne plus l’entrepreneuriat, je dirais que j’apprécie d’être seul maître à bord. Cela implique des contraintes - comme de remplir des tonnes de formulaires, surtout à cette période de rentrée scolaire - mais au moins je garde la maîtrise totale.

Vous produisez-vous encore comme artiste?

Je n’ai jamais arrêté, même si j’ai dû lever le pied pendant quelques années à cause de ma vie familiale. Maintenant que mes enfants sont plus grands, je participe à de petits événements dans la région, comme des mariages ou des fêtes ou à des tournées en Europe pendant trois à quatre semaines. Nous enregistrons parfois des disques. C’est important de travailler son instrument et de varier les styles. Je peux aussi bien faire de la bossa nova que du hard rock ou de la soul: je suis très éclectique dans mes goûts.

Un regret, une envie?

Le niveau global est excellent à Genève, mais l’offre culturelle pourrait être améliorée. On a vu pendant la période Covid que les artistes étaient en situation précaire. Certains vivent vraiment au jour le jour et c’est dommage, car lorsque quelqu’un ne sait pas s’il pourra payer ses factures en fin de mois, il perd l’essence du travail de création. Pour renforcer notre influence, j’aimerais bien voir la naissance d’une fédération qui groupe tous les musiciens à Genève.

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