#Thaïlande Pour acheter un coin de terrain au royaume du Siam, il faut avoir un partenaire du pays qui conservera la majorité du bien immobilier. Le rêve peut alors se transformer en piège. Ce n’est pas le cas du Valaisan Florian Urfer, qui vit sur l’île de Koh Chang, au sud de Bangkok. Marié à une Thaïe, il y a créé un complexe sportif.
Vivre toute l’année au soleil sans payer d’impôts tout en étant au bénéfice d’un franc fort paraît être le rêve des dix mille Suisses qui vivent en Thaïlande.
L’heure de la récréation semble toutefois avoir sonné. Depuis le 1er janvier 2024, les personnes résidentes - celles qui séjournent au moins cent quatre-vingts jours par an en Thaïlande -, doivent payer des impôts sur les revenus transférés dans le pays: c’est le résultat d’une réforme fiscale élaborée par le gouvernement. L’annonce a soulevé un véritable tollé chez les expatriés, en particulier chez les retraités helvétiques, qui y sont légion. Sur les quelque dix mille Helvètes qui vivaient en Thaïlande en 2022, six mille seraient des personnes à la retraite.
Lors de l’annonce de la réforme, plusieurs points nécessitaient encore des précisions, assure le site Swissinfo, destiné aux Suisses de l’étranger. Il est cependant à peu près certain que les revenus provenant de l’AVS et des caisses de pension seront imposables.
Depuis le 1er janvier, les seniors paient donc des impôts sur leurs rentes transférées en Thaïlande. Le barème fiscal est complexe, mais la majorité des retraités suisses ne devrait pas être taxée à plus de 15%. Ce qui reste plutôt avantageux par rapport à la Suisse.
Bangkok a cependant prévu d’exempter certaines catégories de retraités étrangers qui disposent d’un visa de long terme, valable dix ans. Le royaume espère rester attractif pour les riches retraités: il faut être au bénéfice d’une retraite annuelle d’au moins quarante mille dollars et investir cinq cent mille dollars dans le pays, dans l’immobilier par exemple. Ou disposer d’au moins quatre-vingt mille dollars de retraite annuelle sans investissement.
Le prix du terrain flambe
«Un étranger en Thaïlande ne peut pas devenir propriétaire terrien. En revanche, il peut louer un terrain sur du long terme», explique Florian Urfer, un Valaisan qui vit en Thaïlande depuis une douzaine d’années. «Sur une île comme Koh Chang, au sud de Bangkok, le prix du terrain peut être cinquante fois plus cher que sur le continent. Il est cependant possible de signer un contrat de longue durée renouvelable de trente ans en trente ans, par exemple, à un tarif très avantageux. Une sorte de droit de superficie.»
Propriétaire au maximum de 49% du terrain
Il est également possible d’acheter un bout de terrain avec un ou une partenaire du royaume, mais seulement pour un maximum de 49%. Créer une société avec plusieurs Thaïlandais qui se répartiront les 51% restants est possible, moyennant une commission à déterminer. Le risque est que la partenaire thaïlandaise – dans la plupart des cas, ce sont des femmes – se sépare de son «bienfaiteur» étranger et s’accapare le bien immobilier pour elle seule. «C’est assez fréquent, souvent le temps que durent les travaux, et cela peut se passer très mal pour le malheureux copropriétaire», assure Florian Urfer.
Il existe des exceptions à la règle, si l’étranger achète au maximum un rai (mille six cents mètres carrés) de terrain, est agréé par le Board Of Investment et a investi plus d’un million de dollars dans le pays les dix dernières années.
Koh Chang
Un développeur immobilier peut aussi construire un vaste projet immobilier sous la forme de condominium dans une résidence surveillée et vendre les lots à des étrangers. Dans ce cas, il n’y a pas d’obligation d’avoir un partenaire thaï. La formule est fréquente à Pattaya, Hua Hin ou Phuket: «On achète ainsi une part de la société, comme une société immobilière, et on peut la revendre à volonté. Mais il vaut mieux signer le contrat-type avec l’aide d’un avocat local polyglotte pour éviter des embrouillles», prévient le Valaisan de 46 ans.
Florian Urfer a signé avec une propriétaire locale pour son terrain de sport, Sportbuddies, de deux mille huit cents mètres carrés à Koh Chang. Il y a construit une échoppe, un bar qui accueille les touristes et une dizaine de bungalows, le terrain étant loué pour une durée de neuf ans, soit renouvelable à trois reprises pour trois ans.
A la différence d’un visa de tourisme valable trois mois, Florian Urfer possède un visa de non-immigrant valable douze mois. Pour en bénéficier, il faut avoir déposé un montant de quatre cent mille baths (douze mille francs) sur un compte ouvert auprès d’une banque locale. Arrivé en 2006 en Thaïlande, le Valaisan qui a joué du volleyball en professionnel à Lausanne et Martigny a découvert Koh Chang un peu plus tard et est tombé amoureux du lieu. Il y a rencontré sa femme. En 2011, le couple a déménagé sur l’île pour y installer Sportbuddies. Des sportifs viennent de Suisse pour s’y entraîner au soleil et les terrains sont aussi prêtés gratuitement aux jeunes Cambodgiens qui vivent dans cette région proche de la frontière.
Le pays de Cocagne a-t-il vécu?
La Thaïlande prévoit d’entrer dans l’OCDE en 2027, raison pour laquelle elle doit se conformer à la réglementation et à l’échange d’informations fiscales et bancaires, de même qu’aux échanges d’informations sur la traçabilité des voyageurs dans le domaine aérien.
Le pays de Cocagne du sud-est asiatique a-t-il vécu? Les avis sont divisés entre les inconditionnels de la Thaïlande et les partisans du Cambodge voisin, qui énumèrent la hausse des prix au royaume du bath, le surtourisme, la mafia, autant locale qu’étrangère, les règlements de compte journaliers, les chasses aux sorcières organisées par les gouverneurs provinciaux pour retrouver les étrangers qui travaillent sans permis ou aux visas expirés, la police locale très mal rétribuée et forcément en mal de revenus supplémentaires, etc. Dans ce contexte, la nouvelle politique fiscale de Bangkok n’arrange rien.
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