Une nuance plus sombre

Maurice Satineau
Publié jeudi 07 décembre 2023
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#Cop28 Plus de huit milliards de tonnes de charbon ont été utilisées dans le monde en 2023 selon l’Agence internationale pour l’énergie. Gommer cette énorme masse sombre pour renoncer aux énergies fossiles ne sera pas facile.

Le minerai noir a dépassé tous ses records, y compris pour la production d’électricité dont il assure 36%. Près de six cents nouveaux gigawatts sont en construction ou à l’étude. L’Inde et la Chine sont largement en tête des utilisateurs; elles ont élevé leurs mines et leurs importations au rang de la sécurité nationale, ce qui explique que New Dehli ne vise le zéro net émission qu’en 2070 et Beijing en 2060. La restructuration du marché du gaz a également donné un coup de pouce général à cette source d’énergie. L’Allemagne compte beaucoup sur sa nouvelle installation de charbon de Datteln, offrant une puissance de 1100 mégawatts. La république fédérale hésite désormais à propos de son intention de sortir de ce combustible en 2030. Un club de vingt-trois pays membres de l’Union européenne (UE) affiche la même volonté, mais à des dates diverses. Au sein de l’UE, les vingt-cinq vieilles centrales réactivées l’hiver dernier ne constitueraient qu’un ultime recours en cas de crise énergétique majeure, ce qui justifie les commandes françaises de charbon allemand.

Mine politique

La géostratégie joue un rôle important dans les gisements. La Chine ne veut plus de charbon australien, la Russie a pris le relais mais elle ne vend plus à l’Europe. Celle-ci compte beaucoup sur l’Afrique du Sud, les Etats-Unis, la Colombie et le Kazakhstan puisqu’elle refuse de réouvrir des mines sur son territoire, à l’exception notable de l’Allemagne et de la Pologne. Le Japon et la Corée ont augmenté leurs achats en Australie, de même que l’Inde. Pour cette énergie fossile, les chaînes d’approvisionnement sont devenues plus compliquées que pour le pétrole. Dans le débat de la COP 28 sur l’abandon de l’énergie fossile, les calculs se font sur une base comparative. L’importation de gaz de schiste liquéfié n’aurait finalement pas un bilan carbone bien meilleur que la tonne de charbon. Ce dernier pourrait peut-être être moins nocif grâce à une technologie dite de «combustion en lit fluidisé circulant». Il s’agit de mélanger le minerai avec un certain type de roche calcaire afin de réduire sa teneur en soufre. Enfin, la puissance relativement modeste et décentralisée des centrales à charbon plaiderait pour leur remplacement par de petits réacteurs nucléaires sur ces mêmes sites.

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