#Crise sanitaire La crise sanitaire a mis en avant le combat que les professions libérales livrent chaque jour pour faire valoir leurs droits au niveau fédéral. L’Union suisse des professions libérales a joué un grand rôle pour qu'elles obtiennent des indemnités.
«Nous sommes une jeune association.» Marco Taddei rappelle que l’Union suisse des professions libérales (USPL), dont il est le secrétaire général, participe à la vie économique, politique et sociale de la Suisse depuis une trentaine d’années, un chiffre relativement modeste en comparaison d’autres organisations professionnelles, qui remplissent leurs missions depuis beaucoup plus longtemps.
Créée en mai 1990, l’USPL a pris la suite de conférences qui se déroulaient auparavant à intervalles réguliers: ces lieux de discussion étaient l’occasion de rencontres et de partages d’expériences entre représentants des professions libérales. Notons, comme le soulignent les textes de présentation de l’association faîtière, que «l’USPL n’admet pas de membres individuels. Ses membres sont des organisations professionnelles suisses». Les secteurs économiques représentés par les associations membres couvrent les domaines de la santé, de la construction, du droit et de la finance. Selon ses statuts, l’USPL a notamment pour but «de défendre à l’échelle nationale, dans tous les domaines, les intérêts parallèles» de ses associations membres: «Nous intervenons au niveau de la politique fédérale sur des thèmes rassembleurs qui concernent une majorité de nos organisations professionnelles adhérentes», y lit-on.
Il s’agit aussi pour l’USPL «de promouvoir par des moyens appropriés la collaboration entre (tous) ses membres». Soulignons que la Fédération des Entreprises Romandes Genève (FER Genève) est une des organisations à l’origine de la création de l’USPL. «Cet engagement a été naturel, dans la mesure où les deux associations partagent des valeurs communes», explique Stéphanie Ruegsegger, directrice du département de politique générale de la FER Genève. Mais, avant d’aller plus loin, est-on sûr de bien comprendre la notion de profession libérale? Un rapport de 2014 du Conseil fédéral propose une définition précise de celle-ci. «Les caractéristiques propres aux professions libérales sont au nombre de quatre. La personne qui exerce une profession libérale le fait à titre personnel et sous sa propre responsabilité, offre une prestation de service exigeante, justifie d’une qualification professionnelle élevée et exerce une profession généralement soumise à une réglementation de l’Etat.» On pourra ajouter à ces quatre points le fait que, souvent, l’exercice d’une profession libérale nécessite un lien de confiance très fort avec le client ou le patient (pour les professions de la santé) et un respect du secret professionnel. Pour Stéphanie Ruegsegger, «l’USPL a pour mission de promouvoir et défendre les spécificités des professions libérales, notamment la qualification élevée qu’exige la prestation fournie, ainsi que la nature de celle-ci, personnalisée et adaptée aux besoins du client. La FER Genève héberge de nombreuses professions libérales; elle les défend au quotidien au travers de ses associations professionnelles et de son action générale au service de la libre entreprise. Son appartenance à l’USPL lui permet de poursuivre ce soutien au niveau fédéral».
Un partenaire incontournable au niveau fédéral
Ce dernier point mentionné par Stéphanie Ruegsegger est essentiel, comme le confirme Marco Taddei: «Nous avons un rôle de lobbyistes qui est plus que nécessaire pour soutenir à Berne les positions politiques favorables à nos associations membres, grandes ou petites. Les professions libérales ont en effet du mal à faire entendre leur voix et il faut sans cesse œuvrer pour que cette situation change». Un homme joue un rôle-clé: Pirmin Bischof. Ce conseiller aux Etats soleurois est le président du comité directeur de l’USPL. Il use de toutes les possibilités de rencontres que sa fonction permet pour intervenir en faveur des professions libérales auprès des autorités politiques. En 2020, son action a été déterminante pour pousser la décision du Conseil fédéral en faveur des travailleurs indépendants ayant subi des pertes financières en raison de la pandémie de covid-19: ils ont finalement pu, après de longues discussions et négociations, avoir le droit de percevoir une allocation pour perte de gain. Pendant de longues semaines, ils n’avaient pas été traités de la même façon que d’autres acteurs de l’économie qui avaient pu avoir droit à des aides financières sans devoir batailler autant!
Pour l’USPL, cette situation est symptomatique d’un problème de fond: les professions libérales devraient être davantage reconnues par les autorités politiques fédérales comme des partenaires incontournables. «Le système suisse permet un dialogue constructif entre la sphère politique et la sphère économique. Toutefois, ce système peut parfois demeurer trop rigide», explique Marco Taddei. «Si les représentants des employés et des employeurs sont consultés automatiquement depuis très longtemps au niveau fédéral par les différents organes de décision, ce n’est pas le cas pour ceux qui parlent au nom des professions libérales. Le système politique suisse accepte difficilement la présence d’un nouvel interlocuteur: notre objectif est de pérenniser notre présence auprès des autorités fédérales – comme nous avons pu le faire récemment auprès du Secrétariat d’Etat à l’économie – en tant que partenaire avec qui dialoguer concernant toutes les questions qui peuvent avoir un impact sur la vie et les intérêts de nos membres.» Des exemples de sujets à propos desquels l’USPL souhaite être systématiquement consultée? L’AVS et la question du taux de cotisation des indépendants, l’avenir des rapports politiques et économiques entre l’Union européenne et la Suisse, les processus de simplification administrative, la digitalisation de l’économie ou la pénurie de main-d’œuvre qualifiée sur le marché du travail.
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