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Veiller à l’équilibre entre évolution et stabilité

Blaire Matthey Directeur général FER Genève Publié jeudi 11 mai 2023

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Il est temps pour moi de prendre congé des lecteurs d’Entreprise romande. Comme eux, j’aurai eu l’occasion de vivre de nombreuses mutations politiques, économiques et sociales.

Lorsque j’ai rejoint la FER Genève, c’était l’époque des premières machines à écrire numériques, des Hermes Precisa, fleuron de la mécanique helvétique. Cette entreprise a disparu depuis, faute d’avoir cru au monde numérique. A la vérité, on voit mal ce qu’elle aurait pu faire face à Microsoft, Apple ou IBM sur le long terme.

Mais c’est tout de même l’illustration de virages que notre pays a parfois ratés et dont il peine à se relever. Cherchez un développeur d’app pour appareil mobile, vous n’en trouverez pas. Fort heureusement, il y a aussi de belles réussites. Logitech aura montré qu’on peut avoir un génie helvétique dans le secteur numérique. A la suite d’une crise majeure, là aussi due à un manque de prévision, l’horlogerie se sera restructurée avec succès. Le secteur de la finance aura absorbé la fin du secret bancaire fiscal. Les sciences de la vie innovent et volent de succès en succès.

S’inquiéter des crises et mutations à répétition, comme c’est souvent le cas dans les milieux économiques, n’est pas d’un grand secours. La stabilité est un concept relatif. On y tend, on l’atteint temporairement, puis elle s’efface. Cela vaut pour toutes les entreprises, comme pour la vie politique et sociale. La FER Genève n’y a pas échappé. A la chute du mur de Berlin, elle a vu son rôle remis en question. L’air était à un nouveau libéralisme et à l’individualisme. Elle s’y est adaptée. Elle a étendu ses services et sa communication, sans renier des valeurs comme le dialogue social, redevenu un atout compétitif aux yeux de ceux qui l’avaient brûlé quelques années auparavant. Sans cela, elle aurait failli dans sa mission en faveur des entreprises qui lui font confiance.

La nécessité de s’adapter au changement est une évidence et une constante. Dans un contexte turbulent, les fondations, soit les conditions cadre dont l’Etat est le garant, doivent rester stables et souples. C’est ainsi qu’il faut comprendre l’apparent paradoxe de l’entrepreneur qui, perpétuellement chahuté par l’évolution, en appelle si souvent à la stabilité de son environnement.

Ce fut l’une des tâches les plus passionnantes de mon mandat que de veiller à cet équilibre entre évolution et stabilité. Si j’ai pu y contribuer avec toute l’équipe qui m’a entouré, j’en suis heureux. Je sais que celle qui reprend le flambeau a la même aspiration et je lui souhaite plein succès.

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