#main-d'oeuvre Il manquera environ 430 000 personnes sur le marché de l’emploi en Suisse en 2040.
La pénurie annoncée fera sentir ses effets négatifs bien avant 2040. Les entreprises, les services des ressources humaines, l’Etat, les personnes individuelles seront obligés de repenser la valeur travail. Devant les six cents acteurs et responsables économiques rassemblés au Forum de l’économie vaudoise le 27 septembre à Lausanne, les experts ont sorti une image simple: on ne parle plus de la pyramide des âges, mais du sapin à l’envers. Que l’on soit agriculteur, industriel, directeur d’école ou banquier, les effectifs nécessaires vont fondre pour produire ces biens et ces services.
Chez Interiman Group, le Business Units Director Thomas Deburggraeve précise l’urgence dans le recrutement. En 2024, cette procédure est de quarante-trois à cent jours selon la spécialité du poste à pourvoir, avec un coût correspondant pour chaque entreprise concernée. L’idée idyllique d’une intelligence artificielle pilotant tout et reléguant le boulot au second plan dans une Helvétie ultra connectée a déjà fait long feu. «Même en temps de prospérité, il faut se poser la question: avec qui construit-on cette prospérité?», a souligné Isabelle Moret, Conseillère d’Etat vaudoise à la tête du département de l’économie.
Chaque tête compte
Diverses pistes sont explorées dans le canton, avec certains échos à Berne. Il faudrait davantage compter sur les talents de la population migrante. Faire couler les accords de libre circulation avec l’Europe serait un quasi suicide économique, ce qui n’empêche pas de réaménager ces flux. «Pourquoi ne pas inciter les étudiants étrangers venus dans nos universités à rester chez nous?»
La guerre des talents va s’accentuer au niveau international dans la prochaine décennie, et la Suisse a des atouts. Dans l’économie au quotidien, les assureurs ont un goût particulier pour tout calculer: «37% des actifs travaillent à temps partiel», constate Philippe Hebeisen, président du Conseil d’administration du groupe Vaudoise Assurances, et vice-président d’economiesuisse. «Nous travaillons quatorze jours de moins qu’en 2014.» Un remède éventuel serait un fort élan d’investissement dans l’innovation pour accroître la productivité de l’économie nationale.
Au rayon des chiffres, le débat politique surgit immédiatement, Sommes-nous juste assez nombreux ou carrément trop nombreux sur le territoire helvétique? Pour les spécialistes, la relation entre la croissance économique, la population et les ressources naturelles est encore en chantier. Fixer un nombre arbitraire d’habitants n’aurait pas de sens.
Autre dossier éminement sensible: l’âge de la retraite. Certains patrons disent: «On ne va pas mettre cette personne sur ce projet, son AVS est pour l’année prochaine». D’autres employeurs offrent parfois des surprises. A la Banque cantonale vaudoise, par exemple, il est proposé de rester au bureau jusqu’à 68 ans, mais «nous n’avons que peu de candidats», confie Eftychia Fischer, présidente du Conseil d’administration de l’établissement bancaire.
Le travail des femmes
Elle souligne que pour l’emploi au féminin, rien n’est simple. Les femmes accédant aux niveaux d’éducation supérieurs font de moins en moins d’enfants, «et ce n’est pas uniquement une question de place en crèche». Evidemment, personne n’imagine une Confédération helvétique se contentant d’une éducation succincte aux filles afin qu’elles se consacrent à une famille nombreuse. Un luxe C’est un choix sociétal que l’on retrouve dans le club des pays développés, l’Organisation de coopération et de développement économiques. Le temps partiel et l’intérimaire sont difficilement vécus pour les salaires les plus modestes. Quand on monte dans l’échelle salariale, cela devient un choix, voire un luxe que l’on s’offre, limitant d’autant la force de production nationale.
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