Rapprocher entreprises et demandeurs d’emploi? Genève a un plan

Au centre: Anne Hiltpold, Thierry Apotheloz et Delphine Bachmann. Tout à droite: Jean-Luc Favre.
Au centre: Anne Hiltpold, Thierry Apotheloz et Delphine Bachmann. Tout à droite: Jean-Luc Favre. SK/ER
Steven Kakon
Publié jeudi 26 juin 2025
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#Emploi Face aux tensions du marché du travail, le canton déploie une stratégie sur dix ans pour renforcer l’employabilité.

«Le profil des individus ne correspond pas assez aux compétences recherchées par les entreprises et l’économie.» Voilà le diagnostic que pose Delphine Bachmann, conseillère d’État chargée de l’économie et de l’emploi, dans un contexte économique moins porteur que la période post-covid.

Pour affronter le problème, le Conseil d’Etat déploie, avec les partenaires sociaux, le premier plan directeur de l’employabilité, présenté à la presse le 25 juin. Son objectif: reconnecter les compétences des individus aux besoins réels des entreprises au moyen de quatorze mesures, dont la mise en œuvre s’étalera sur les dix prochaines années.

Première mesure phare: la création d’un lieu unique - une «Cité des métiers» - destiné à rassembler l’ensemble des prestations de service de l’État en matière de formation, d’orientation, d’information et d’insertion. «Ce sera le cœur de l’espace physique de l’employabilité», explique Anne Hiltpold, chargée de l'instruction publique. Une plateforme numérique viendra compléter ce pôle pour faciliter la mise en relation entre demandeurs d’emploi et entreprises. «Elle devra agréger toutes les annonces sur un seul espace employeur», ajoute Delphine Bachmann.

Paradoxe

De nombreux secteurs subissent une pénurie de main-d’œuvre, alors qu’en parallèle l’aide sociale augmente. «C’est un paradoxe», reconnaît Thierry Apothéloz, chargé de la cohésion sociale. «Il y a abondance d’emplois, de main-d’œuvre, mais aussi du chômage et un manque de personnel dans certaines branches. Quelque chose qui ne fonctionne pas», complète Jean-Luc Favre, vice-président de l’Union des associations patronales (UAPG).

L’accompagnement à la certification professionnelle des adultes sera renforcé via un guichet unique avec des dispositifs renforcés, comme la validation des acquis ou l’obtention d’un certificat fédéral de capacité en accéléré. Le Conseil d’État cible en priorité les quelque cinquante-trois mille personnes sans diplôme.

«La formation certifiante est la clé pour l’employabilité», martèle Anne Hiltpold. Et son collègue Thierry Apothéloz de renchérir: «sans formation, la situation d’une personne en situation de précarité est très difficile».

Formation continue

Pour ouvrir davantage l’accès à la formation continue, un compte individuel de formation est également à l’étude. «Nous voulons examiner la faisabilité et le financement», fait savoir Delphine Bachmann. Objectif: corriger les inégalités d’accès à la formation, en particulier pour les employés des très petites entreprises et des PME, qui en sont souvent exclus faute de moyens ou de temps. De plus, «la loi sur le chômage est très contraignante et vise encore à remettre les gens dans un emploi qu’ils ont eu par le passé et qui n’existe plus forcément», admet l’élue.

Autre mesure: la révision de la bourse de reconversion professionnelle. Il s’agit d’élargir les critères d’éligibilité et de caler son montant sur le salaire minimum pour soutenir la mobilité professionnelle. Un appui bienvenu dans un monde du travail où les métiers évoluent rapidement, ou disparaissent. Associés au projet depuis le début des discussions en 2020, patronat et syndicats se disent enthousiastes. Ce cadre d’action «permet de travailler de manière efficace pour améliorer la situation actuelle et anticiper les besoins futurs», commente Jean-Luc Favre.

Le gouvernement ne prévoit pas de présenter un «paquet» de mesures unique au Grand Conseil, mais plutôt une approche progressive, «au fil de l’eau, projet par projet».

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