«Avec la sobriété numérique, on fait de l’optimisation financière»
En moyenne, il est possible d’atteindre de 10% à 20% de réduction de l’empreinte de l’informatique et des coûts matériel, jusqu’à deux cent cinquante mille francs par année!
Steven Kakon
Publié lundi 07 juillet 2025
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#Numérique responsable
Un rapport inédit dresse les grandes tendances du numérique responsable dans les entreprises suisses.
C’est une étape importante pour la durabilité numérique en Suisse: le tout premier benchmark Sustainable IT est paru. Cette initiative, dont les résultats ont été présentés le 24 juin, dresse un état des lieux du numérique responsable (NR) à travers une enquête menée auprès de plus de quarante organisations suisses issues de secteurs variés: industrie, services, finance, administration publique ou éducation et informatique.
«Nous manquons de données fiables sur l’impact environnemental des technologies de l’information, ou IT», constate Ivan Mariblanca, fondateur de Mikujy, une entreprise à l’origine de l’étude, qui propose des solutions IT et de durabilité aux organisations. Un vide que le rapport entend combler, aussi en réponse à une demande croissante des organisations intéressées de se comparer à leurs pairs.
Des structures de toutes tailles ont été évaluées selon leur maturité en matière de NR, sur la base de neuf catégories (gouvernance, postes de travail, communication, sécurité, centres de données, etc.), reprises du label européen. Première observation, certes difficile à visualiser: l’empreinte carbone moyenne du numérique atteint 339 kilos de CO2 par employé, avec des variations allant de 125 à 767 kilos selon les organisations. Un écart visible selon leur taille: les plus grandes structures ont souvent les moyens de mutualiser leurs équipements, contrairement aux plus petites.
Poste de travail
Le poste de travail (écrans et ordinateurs portables) concentre une part significative de cette empreinte. À ce titre, la question du double écran devient un enjeu de durabilité... et financier. Ivan Mariblanca pousse à s’interroger: est-il vraiment nécessaire pour tous les collaborateurs d’une entreprise? Le cloud apparaît également comme un levier important: le déplacer dans un pays voisin aurait un impact environnemental plus élevé.
Globalement, le niveau moyen de maturité NR atteint 43%, révélant un large potentiel d’amélioration. La communication, la formation des collaborateurs et la gouvernance affichent les scores les plus faibles (<33%), tandis que les analystes constatent une bonne performance en gestion des logiciels et du matériel (>75%). Le NR se fait surtout par opportunité: «Il est déjà partiellement intégré dans les organisations, parfois sans qu’elles en aient pleinement conscience», pointe le rapport, précisant à cet égard que plusieurs organisations pourraient prétendre au premier niveau du label européen «Numérique responsable». Seules deux organisations sur les quarante disposent de la maturité pour se présenter au niveau 2, le plus exigeant.
De même, 62% des organisations ont acheté des équipements labellisés ou certifiés avec des critères de performance. Cinquante pour cent ont un soutien de la direction à la stratégie du NR et 42% d’entre elles ont désigné une personne dédiée à la stratégie numérique responsable. Toutefois, seules 34% des organisations ont défini une stratégie NR complète.
Quant à la gestion du parc informatique, les inventaires des équipements et des logiciels existent pour trois quarts des organisations. «Mais beaucoup de participants rencontrent encore des difficultés à maintenir un inventaire précis et à jour», fait savoir Ivan Mariblanca. Septante-sept pour cent d’entre elles allongent la durée de vie des équipements (réparation, réutilisation). Et des canaux de récupération pour les équipements inutilisés ou hors d’usage sont en place dans 75% des organisations. «Il faut réfléchir aux équipements que l’on peut prolonger ou pas après cinq ans d’utilisation et sensibiliser le personnel à ces questions», souligne Ivan Mariblanca. Le NR est intimement lié à la cybersécurité: «en réduisant l’encombrement numérique inutile, on diminue non seulement l’empreinte de l’informatique, mais on facilite aussi la protection des systèmes d’information», affirme le rapport.
Beaucoup d’économies
Enfin, «quand on fait de la sobriété numérique, on fait de l’optimisation financière à travers des économies de matériel et de licences», souligne l’entrepreneur, concédant qu’«une entreprise regarde d’abord les coûts avant l’empreinte numérique». En moyenne, il est possible d’atteindre de 10% à 20% de réduction de l’empreinte de l’informatique et des coûts matériel, jusqu’à deux cent cinquante mille francs par année! «Certaines organisations distribuent les bénéfices aux collaborateurs», conclut l’entrepreneur. L’édition 2026 permettra de confirmer ou non les tendances actuelles.
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